Rendons à qui de droit l’expression « chien décisionnaire » : ça vient tout droit de la patte de Tony ! Bref, on va parler de quelque chose qui parle à tout le monde, malgré ce mot inventé.
Alors qu’est-ce qu’un chien décisionnaire ? Qu’est-ce qu’un non décisionnaire ?
Déjà, on pourrait répartir les chiens en 4 groupes :
- décisionnaires,
- non décisionnaires,
- hybrides,
- et ceux qui s’en fichent.
« Celui qui s’en fiche », c’est le chien à qui il pourrait tomber une montagne sur la tête qu’il ne s’en rendrait pas compte. Il ne se pose pas de question, il n’embête personne. On peut le mettre de côté directement. Non pas qu’il soit plus ou moins bête, ce n’est juste pas son problème.
Qu’est-ce qu’un chien décisionnaire ?
Concrètement, le chien décisionnaire est un chien qui est habitué, de par son histoire, à prendre des décisions par lui-même sans humain.
Comme, par exemple, le chien protecteur de troupeau, le Patou, le chien de Montagne des Pyrénées. Il a été habitué à être avec son troupeau, sans humain.
Il ne guide pas le troupeau, contrairement au chien de berger, mais il protège le troupeau d’éventuels prédateurs.
C’est, en quelque sorte, un chien autonome. La plupart du temps, ces chiens-là sont un peu plus lents dans leur façon de faire les choses. Ils sont plus posés et ont le pas plus lourd.
Les chiens décisionnaires sont au courant de ce qu’ils ont à faire et sont relativement, souvent, très impressionnants, très gaillards. Ils vont vivre avec l’humain, partager des choses avec l’humain. Mais il va falloir les amener sur du mouvement d’intention, sur de la façon d’être. On n’en fera pas des chiens robots.
Qu’est-ce qu’un chien non décisionnaire ?
Le chien non décisionnaire est un chien qui a besoin de son maître pour lui dire :
- comment penser,
- comment voir la vie,
- et comment faire les choses.
Le Malinois est devenu un ultra non décisionnaire parce qu’il a besoin que son maître lui dise tout, mais, bien évidemment, il prend quand même des décisions.
Un non décisionnaire n’est pas un chien qui ne peut pas vivre sans que tu lui dises quoi faire, mais simplement quand on lui dit une chose, il la comprend et on avance.
Il n’est pas plus bête que les autres ! Mais de par son profil et de par son histoire, le chien de berger a toujours travaillé avec un berger (il guide le troupeau, le transporte d’un point à un autre…) alors que le chien décisionnaire a été habitué à être plutôt seul.
Les différences entre les deux : décisionnaire et non décisionnaire
De par nature, il y en a un à qui il ne faut pas prendre la tête avec des choses qui ne servent pas à grand chose, au risque de vite le fatiguer : c’est le décisionnaire. Et un autre qui va apprécier la plupart du temps faire de l’obéissance et qui va avoir le besoin vital que son maître prenne des décisions pour lui, c’est le non décisionnaire.
Que se passe-t-il avec un chien non décisionnaire ?
Si on ne prend pas de décisions avec un chien non décisionnaire, il finira par en prendre ; mais on ne doit pas oublier qu’il n’est pas fait pour décider à la place de son maître.
Concrètement, si son maître ne lui explique pas comment fonctionne la vie, par exemple que les humains sont gentils, et qu’il se met beaucoup trop en retrait par rapport à son chien, en le laissant prendre des initiatives sans jamais rien lui demander ou lui expliquer, alors le chien a beaucoup plus de probabilité de se tromper dans la décision qu’il va prendre.
Et avec un chien décisionnaire ?
Tandis qu’un chien qui est habitué à prendre des décisions par lui-même, un chien qui est plus posé va prendre le recul nécessaire de l’observation de l’environnement avant de prendre la bonne décision (= l’humain est gentil, je ne l’attaque pas).
Pour exemple, le Malinois a besoin d’être guidé et s’il ne trouve pas cet accompagnement avec son maître, il fera comme il pense et deviendra décisionnaire, alors qu’il est moins fait pour ça que d’autres chiens décisionnaires.
Il peut prendre des décisions qui sont plus mauvaises que certains autres chiens, si jamais il n’a pas de maître.
Le chien non décisionnaire qui ne voit pas beaucoup d’humain (le Berger du Caucase, Kangal…) a plus de facilité à prendre les bonnes décisions parce qu’il est « génétiquement » plus habitué :
- à décider naturellement,
- à prendre le temps d’observer,
- et à prendre le temps de voir comment vont se passer les choses.
Ils ne sont ni plus intelligents ni moins intelligents mais juste plus habitués à ce genre de cas. Mais ils sont par contre incapables de faire ce qu’un Malinois fait. Le Malinois a besoin qu’on lui explique, d’être guidé mais il peut aussi arriver à se driver. Ce n’est pas un assisté non plus.
Plus on sort les décisionnaires de leur milieu naturel, plus ils vont avoir besoin de l’humain et moins ils seront performants dans le côté décisionnaire. Le Patou va avoir l’habitude de gérer son troupeau mais quand on l’emmène en centre-ville, les décisions sont plus dures à prendre pour lui car moins naturelles.
Le Patou est un chien décisionnaire ; le Malinois est ultra non-décisionnaire.
Qu’est-ce qu’un chien hybride ?
Le chien hybride est un chien qui guide le troupeau et qui le protège aussi, ou qui a déjà dû le protéger dans le passé.
C’est un chien « double casquette » ; soit au même moment, soit à des moments distincts dans leur vie. Il faut faire attention avec ces chiens-là car certains sont décisionnaires et d’autres beaucoup moins, sans le savoir en avance et y compris au sein d’une même portée.
Il faut prendre du recul là-dessus ! On part toujours du principe qu’un chien a besoin d’un maître, qu’il soit décisionnaire ou non.
D’un côté, il y a des chiens qui ont besoin d’un maître, qui par son attitude, sa façon de marcher, d’avancer, va les rassurer plus que d’autres.
Et d’un autre côté, il y a des chiens qui doivent avoir un maître qui ne les sature pas d’obéissance, qui ne doivent pas être excédés par leur maître, ni aller dans un club canin ou dans un endroit clos. Ce n’est pas bon pour eux car ils s’ennuient, n’apprennent plus et développent des troubles du comportement…
Parmi les chiens hybrides, on peut citer :
- le chien de berger, qui a la particularité d’avoir été guide et parfois protecteur,
- mais aussi le Bouvier, autre protecteur de troupeau (ovin, bovin),
- ou encore le Rottweiler parce qu’on l’a fait évoluer en protecteur de personnes et de biens, en plus de la détection.
Comment éduquer les chiens décisionnaires et non décisionnaires ?
La plupart du temps, le non décisionnaire est toujours en attente que son maître lui demande quelque chose.
Par exemple, un Malinois a besoin d’avoir des ordres, d’être stimulé constamment ; alors qu’un berger du Caucase va vite être désintéressé de devoir courir derrière une balle, d’apprendre le « assis », « couché », de faire de l’agility…
On peut lui apprendre mais est-il bon d’aller contre nature si ce type de chien fait partie des non décisionnaires ?
Un berger du Caucase est un chien lent, qui reste à 30/40 mètres de son maître seulement, qui ne part pas à l’aventure mais le rappel au pied ne fonctionne pas toujours avec lui. Alors oui, le berger du Caucase peut revenir au pied en quelques secondes mais c’est contre nature et cela casse la relation maître-chien.
Si on s’acharne à faire quelque chose avec un chien qui n’éprouve pas de plaisir à faire cette même chose, on brise la relation ; contrairement à d’autres chiens qui eux sont très demandeurs.
Avec ce chien, on va préférer :
- le suivi naturel,
- la socialisation,
- et faire le rappel dans des situations plus faciles, en forêt, dans des milieux naturels.
Il va préférer qu’on le laisse tranquille.
On pourrait dire la même chose sur les autres chiens, qu’on les laisse tranquilles aussi sauf que, eux, ils ne le vivront pas mal.
Si on veut un chien qu’on ne veut pas éduquer et qui fait tout, tout seul, il ne faut pas forcément prendre un décisionnaire parce que la façon dont agit le maître est tout aussi importante et il doit avoir le droit à l’erreur.
L’éducation du chien décisionnaire
Un chien décisionnaire s’éduque évidemment ; et ce n’est pas plus facile d’éduquer un décisionnaire qu’un non décisionnaire. Les deux sont aussi durs à éduquer. Mais simplement, il faut comprendre que la notion de plaisir est distincte. Si le chien n’aime pas, il n’aura pas de plaisir. Même si c’est bien fait ! Parce que ce n’est pas son tempérament, sa façon d’être.
Quand on a un protecteur de troupeau, qui prend du plaisir à être dehors, à regarder, à dormir d’un œil…, peut-être que ce type de chien aime rester sur un terrain extérieur ? Il va mieux travailler, penser et réfléchir en étant dehors et en donnant l’impression qu’il dort.
Si on comprend mieux ces petites choses, on va commencer à mieux respecter les besoins de certains chiens.
Quand on fait de l’éducation sur des gardiens de propriété, sur des chiens qui ont de très forts instincts territoriaux et qu’on commence à socialiser ou à le laisser trop longtemps ce genre de chien dans un milieu clos, ce n’est pas malin. On est en train de lui créer un nouveau territoire et penser que c’est chez lui : le premier chien qu’il rentre, il l’attaque.
Y a-t-il un rapport entre chien décisionnaire / non décisionnaire et agressivité ?
Cela peut avoir un impact, toute une gamme de chiens ont besoin d’avoir des actions valorisantes.
Plusieurs types de chiens qui aboient dans le jardin au portail ont besoin qu’on leur dise « bravo » pour ensuite reprendre leur vie normalement. Si le maître ne leur dit pas, il n’arrivera jamais à les faire arrêter et n’arrivera jamais à réellement leur dire ce qu’ils doivent faire et ce qu’ils ne doivent surtout pas faire.
Forcément, le non décisionnaire, « le plus répandu », est celui qu’on retrouve avec le plus de dégâts. Car il est tout le temps en attente de son maître et il est moins capable de prendre les décisions par lui-même, juste les bonnes décisions, et il peut prendre les mauvaises plus facilement. En effet, il peut soit trouver la bonne réponse chez son maître et tout ira bien, soit trouver la mauvaise réponse chez son maître et avoir une mauvaise réaction, soit ne trouver aucune réponse chez son maître et se sentira alors forcé de prendre la décision alors qu’il n’est pas fait pour ça.
Il faut savoir qu’un chien décisionnaire comme un chien non-décisionnaire peut ne pas vouloir de responsabilité ; il veut simplement ce qu’il est capable d’assumer.
On retrouve plutôt cette envie de non-responsabilité chez un chien non décisionnaire. Sauf que le maître s’évertue à se dire que son chien doit faire ça ; ainsi le chien va être forcé de prendre des décisions par lui-même, se retrouvera à protéger sa maison alors qu’il n’en a aucune envie.
Côté rééducation, ça change quoi ?
Ça change tout !
Il faut savoir à quel chien on a à faire : un chien qui prend les décisions ou qui ne les prend pas ? Il faut savoir qui le chien regarde quand il prend les décisions : son maître ou personne ?
D’un côté, il va falloir emmener le chien à regarder son maître et c’est moins évident ; d’un autre côté, il va falloir lui dire qu’il ne peut pas prendre les décisions tout seul. Et surtout à ne pas prendre n’importe quelle décision auprès de n’importe qui.
Ça dépend aussi du tempérament du chien, s’il est peureux, affirmé, etc.
Comment peut-on se rendre compte de quel chien on a ?
Il faut prendre un chien en connaissance de cause et non à contre-courant.
Il faut apprécier le chien que l’on prend et ne pas vouloir le changer, sans le prendre pour des mauvaises raisons. Comme garder la maison, qui est d’ailleurs la raison numéro un de prendre un chien, en France. Vous n’allez pas le gérer. Le chien en autonomie totale est pratiquement inexistant.
Il y a de plus en plus de chiens de berger (Malinois, Berger Australien…) parce que ça se rapproche de plus en plus du mode de vie que l’humain souhaite : un chien robot.
Aujourd’hui, un chien demandeur ne laisse pas le droit à l’erreur. On a envie de lui apprendre des choses et c’est toujours plus rapide, plus nerveux avec un Border qu’avec un Caucase.
On pourrait dire que c’est pour ça que ce type de chiens a plus souvent des problèmes parce qu’ils ont de grands besoins.
Si un chien ne se dépense pas assez, il s’occupera de votre intérieur, deviendra insupportable, développera des troubles du comportement. Tant que le chien prend du plaisir dans ce qu’il fait, c’est très bien.