La loi sur les chiens catégorisés et les obligations à respecter

Podcast / Bande de chiens !

14/03/2022 29'

Les chiens dits « dangereux », un cadre légal cohérent ?

Pitbulls, Rottweilers, Mastiffs, Tosas… Personne n’ignore que ces races de chiens sont considérées, par la loi et par une partie du grand public, comme « dangereuses ». Elles sont, pour cela, classées en deux catégories – raison pour laquelle on parle de « chiens catégorisés ».

La définition de critères qui catégorisent les chiens dits « dangereux » date du mois de janvier 1999 (Loi n°99-5).

Après plusieurs tragiques faits divers, la législation française a renforcé les « mesures de prévention et de protection des personnes », avec un nouveau texte adopté en juin 2008 (Loi n° 2008-582).

Les animaux ainsi classifiés, selon des critères de race et de morphologie, font l’objet de mesures particulières visant – comme le dit explicitement la loi – à la prévention et à la protection des personnes. La conséquence, c’est qu’un chien catégorisé est considéré aux yeux de la loi, dès sa naissance, comme un animal susceptible d’être dangereux.

american staffordshire terrier muselé

Mais pour le bien de qui ? L’ensemble de ce dispositif législatif repose sur une idée reçue : tout ce qui ressemble à un rottweiler, à un pitbull, à un staff ou à un mastiff représente un danger pour l’être humain comme pour les autres animaux domestiques, et doit être mis en retrait de la société. Il lui est interdit de courir en liberté, de jouer dehors, ou d’avoir des interactions en étant détaché.

Ce cadre légal est-il cohérent ? Nous vous proposons de répondre à cette question en trois temps :

  • D’abord, en allant regarder de près l’arsenal juridique relatif au chien catégorisé.
  • Ensuite, en listant les obligations qui incombent aux propriétaires de ces animaux.
  • Enfin, en s’interrogeant sur la notion d’agressivité chez le chien, et en tâchant de montrer que l’animal ne « naît » pas mordeur, mais qu’il le devient. Et qu’il est possible de couper court à ce processus, à condition de le prendre à temps.

1. Le cadre légal relatif aux chiens catégorisés

Depuis 1999, il existe en France un cadre légal concernant les chiens dits « dangereux », ou « chiens catégorisés », ayant pour objectif de contrôler rigoureusement les conditions de vie de certaines races canines dans le but de protéger les humains des morsures.

Ce cadre légal est formé principalement de deux textes qui se complètent, portés par les ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur :

  • la loi du 6 janvier 1999 relative aux animaux dangereux et errants et à la protection des animaux,
  • et la loi du 20 juin 2008 renforçant les mesures de prévention et de protection des personnes contre les chiens dangereux.

La réglementation qui encadre les chiens catégorisés

Que dit la loi sur les chiens considérés comme dangereux ?

La loi du 6 janvier 1999 vise les chiens dits « dangereux » et crée deux catégories de « dangerosité », précisées dans un arrêté du 27 avril 1999.

En substance, le chien de catégorie 1 est désigné comme un « chien d’attaque », comme :

  • les chiens de type American Staffordshire terrier (aussi appelés Pitbulls),
  • les chiens de type Mastiff (aussi appelés Boerbulls),
  • et les chiens de type Tosa.

Nous rappelons que « de type » signifie que le chien est issu d’un croisement de cette race et qu’il n’est pas inscrit au livre des origines françaises.

Le chien de catégorie 2, lui, est considéré comme un animal « de garde et de défense », comme le Rottweiler, l’American Staffordshire Terrier et le Tosa.

Attention : ici, nous parlons de « chien pure race », sans croisement, sauf en ce qui concerne le rottweiler (qu’il soit de pure race ou issu d’un croisement, ce dernier appartient toujours à cette catégorie 2). Nous reviendrons plus bas sur ces catégories.

La loi du 20 juin 2008 a complété ce dispositif légal en édictant un certain nombre d’obligations destinées aux propriétaires de chiens catégorisés.

Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, toute personne qui souhaite détenir un chien de catégorie 2 doit se soumettre à des démarches bien précises :

  • identification,
  • vaccination contre la rage,
  • obtention d’une assurance des responsabilités civile,
  • obtention d’une attestation d’aptitude et d’un permis de détention,
  • évaluation comportementale du chien (celle-ci se fait à partir des 8 mois du chien).

Le maître d’un chien de catégorie 2 doit aussi être majeur et disposer d’un casier judiciaire vierge. En outre, toute personne à qui l’animal est confié doit répondre aux mêmes obligations.

En ce qui concerne les chiens de catégorie 1, leur importation, cession à titre onéreux ou gratuit, ou acquisition, est interdite en France. Malgré cela, des chiens de cette catégorie sont présents sur le territoire français. Leurs maîtres doivent donc se soumettre aux mêmes obligations légales que pour les chiens de catégorie 2, mais à cela s’ajoute :

  • une obligation de stérilisation ou de castration,
  • ainsi qu’une interdiction d’accès aux lieux publics, aux transports en commun et aux avions.

Pourquoi encadrer les chiens catégorisés ?

Ces lois ont été formulées dans un contexte médiatique particulier, après une série de faits divers mis en avant auprès du grand public, et suite à des polémiques au sujet de la dangerosité présumée de certaines races de chiens.

Si, aux yeux de la loi, certains chiens sont plus dangereux, dans les faits cette catégorisation n’a pas été faite suite à une étude du nombre de morsure en fonction des races…

Quels sont les professionnels concernés par la catégorisation des chiens ?

Le propriétaire d’un chien catégorisé, ou la personne qui envisage d’en détenir un, doit donc se mettre en règle au regard de la loi. Auprès de qui ? Quelles autorités sont en charge du suivi des chiens dits « dangereux » ?

  • Le vétérinaire se charge d’identifier, de vacciner (contre la rage) et de stériliser (le chien de catégorie 1). Il réalise également l’évaluation comportementale à condition d’y être habilité.
  • Le formateur canin (ou un club habilité) délivre l’attestation d’aptitude à l’issue d’une formation de 7 heures.
  • L’assureur couvre le propriétaire en matière de responsabilité civile.
  • La mairie délivre le permis de détention, provisoire ou définitif, ou enregistre l’éventuel changement de résidence du propriétaire.
Chronologie législative

Les chiens catégorisés

La loi de 1999 classifie les chiens dits « dangereux » en deux catégories, en fonction de leur race et de leurs caractéristiques morphologiques.

Précisons que tout chien catégorisé est considéré comme étant « dangereux » par les autorités… mais ce n’est pas une vérité pour autant ! Et pour cause : tous les chiens peuvent potentiellement être dangereux (à des degrés divers, selon leur puissance). La réalité, c’est que tout est conditionné par leur environnement.

Le chien de catégorie 1

La première catégorie est la catégorie des chiens d’attaque. Ces animaux, issus de croisements (ou de races non-reconnues en France), sont assimilables par leurs caractéristiques morphologiques à trois races. Ce sont les chiens…

  • de type American Staffordshire Terrier, communément appelé Pitbull ;
  • de type Mastiff, aussi appelé Boerbull ;
  • de type Tosa.

Les éléments permettant de reconnaître un chien de catégorie 1 sont définis dans l’arrêté du 27 avril 1999, section Annexe : « des molosses de type dogue, définis par un corps massif et épais, une forte ossature et un cou épais », etc.

Précision : la catégorie 1 ne concerne pas les chiens de race pure, inscrits au LOF (Livre des Origines Français).

Le chien de catégorie 2

La seconde catégorie est la catégorie des chiens de garde et de défense. Elle s’applique aux races suivantes :

  • l’American Staffordshire Terrier pure race ;
  • le Rottweiler ou le chien de type Rottweiler pure race ;
  • le Tosa pure race.

La différence avec la catégorie 1 réside dans le fait qu’il s’agit là de chiens de race, inscrits au LOF, et non pas de chiens assimilables à ces races – à l’exception des chiens issus de croisements assimilables (par leurs caractéristiques morphologiques) aux rottweilers et non-inscrits au LOF.

Les exceptions

La loi prévoit quelques exceptions concernant les chiens catégorisés.

Ainsi, un Mastiff inscrit au LOF ne relève d’aucune des deux catégories. Attention, également, à ne pas confondre la catégorie des chiens telle que prévue par la loi avec les groupes 1 et 2 de la nomenclature FCI (Fédération cynologique internationale).

Le Livre des Origines Français « LOF », fondé par la Société Centrale Canine en 1885, est l’unique livre généalogique officiel du chien en France. Il certifie la pureté des géniteurs canins. L’inscription au LOF (qui résulte d’une série de contrôles rigoureux ayant trait à la filiation) permet ainsi de qualifier un chien de race pure.

Qui peut détenir un chien catégorisé ?

Les chiens catégorisés étant considérés comme potentiellement dangereux par le législateur, les droits de détention de ces animaux sont rigoureusement encadrés.

Par conséquent, certaines catégories de personnes ont l’interdiction de détenir un chien de catégorie 1 ou un chien de catégorie 2 :

  • Les personnes mineures.
  • Les personnes majeures placées sous tutelle, sauf en cas d’autorisation donnée par le juge ad hoc.
  • Les personnes qui se sont vues retirer la garde d’un chien.
  • Les personnes ayant été condamnées pour un crime ou à une peine d’emprisonnement (avec ou sans sursis) pour un délit inscrit au bulletin n°2 du casier judiciaire, ou dans un document équivalent à l’étranger.

Les contrevenants s’exposent à des sanctions sévères. La détention non autorisée d’un chien catégorisé est punie d’une amende de 7 500 € et d’une peine d’emprisonnement maximale de 6 mois. Le fautif peut également se voir confisquer son animal et interdire de détenir un chien de catégorie 1 ou un chien de catégorie 2 pour une période de 5 ans maximum.

Quelles sont les restrictions au regard des chiens catégorisés ?

L’objectif de ce dispositif légal est de limiter le nombre de chiens « dangereux » (c’est-à-dire, considérés comme tels, par cette loi) en circulation, en particulier ceux qui appartiennent à la première catégorie.

Ce faisant, depuis 1999, il n’est plus possible d’acheter, de vendre ou de donner, d’introduire ou d’importer sur le territoire français, un chien de catégorie 1, sauf s’il a été acquis auprès d’une association de protection animale (cette restriction ne concerne évidemment pas les chiens acquis avant l’entrée en vigueur de la loi).

Là encore, des sanctions sévères sont prévues : 15 000 € d’amende, 6 mois d’emprisonnement, confiscation du chien catégorisé, interdiction de détention d’un chien de catégorie 1 ou 2 pendant 5 ans, interdiction d’exercer une activité professionnelle liée à l’infraction pendant 5 ans.

Un cadre légal largement remis en question

Établi dans un contexte médiatique houleux et sans concertation avec les autorités scientifiques et les experts canins, le cadre légal fait l’objet, depuis 1999, d’une vive remise en question de la part des spécialistes.

👉 Un collectif s’est même formé en 2006 précisément pour lutter contre ce dispositif, fondé par Emmanuel Tasse – le Collectif Contre la Catégorisation des Chiens (4CF). Les opposants à cette catégorisation s’appuient sur trois arguments principaux :

  • La dangerosité d’un chien ne peut pas être estimée à partir de son appartenance raciale.
  • La loi est dénuée de fondement statistique et scientifique.
  • La loi ne permet pas de réduire les risques de morsures de chiens et peut même s’avérer contre-productive.

La dangerosité d’un chien n’est pas liée à sa race

La loi vise les chiens réputés dangereux, mais ceux-ci ne le sont pas plus que les autres.

Les études de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) permettent de démontrer les limites de cette conception génétique de la dangerosité et tendent à remettre en cause le bien-fondé de la législation. Ainsi, l’Anses constate qu’ « un caniche peut être plus agressif qu’un pitbull » et que les chiens catégorisés ne mordent pas plus que les autres, car « tous les chiens peuvent mordre, quelle que soit leur race ou leur taille » (source).

Ce faisant, l’Agence crée une distinction fondamentale entre dangerosité et agressivité : si la première est surtout liée au potentiel de destruction qu’a un chien, la seconde peut être induite par son mode de vie (pratiques quotidiennes, conditions d’hébergement, etc.).

La loi est dénuée de fondements statistique et scientifique

La conséquence du point précédent, c’est que la loi sur les chiens catégorisés ne s’appuie sur aucun fondement scientifique… ni statistique !

Une étude de l’Institut Français de Veille Sanitaire, réalisée auprès des services d’urgence de huit hôpitaux entre mai 2009 et juin 2010, montre que les chiens les plus « mordeurs » sont le Berger Allemand, le Labrador et le Jack Russell – qui correspondent aux races les plus fréquentes en France.

Elle souligne aussi qu’il n’existe pas « de différence significative de gravité entre les morsures de chiens de catégorie et celles des autres chiens ». Les causes de morsures constituent également une information intéressante : la morsure a lieu, le plus souvent, au sein du foyer, dans des conditions ou le chien a souvent été poussé à bout car trop embêté, irrité, bousculé, acculé… Les cas de morsures peuvent aussi arriver lors de bagarres entre deux chiens lorsque les propriétaires tentent de les séparer, par exemple.

La loi ne permet pas de réduire les risques de morsures de chiens

En se focalisant sur l’appartenance raciale et la morphologie plutôt que sur le comportement et l’éducation du chien, en pratiquant une forme de « discrimination canine » et raciale, la loi échoue à réduire les risques de morsures.

En limitant la bonne sociabilisation des chiots et des chiens, elle les empêche également de combler leurs besoins en dépense d’énergie et en interactions. De sévères carences qui constituent un terrain fertile… pour les différents troubles d’agressivité qu’on cherche justement à éviter ! C’est en cela que la loi peut s’avérer contre-productive.

2. Chiens de catégorie 1 et 2 : les obligations légales à respecter pour les propriétaires

Le cadre légal relatif aux chiens catégorisés vise à la prévention et à la protection des personnes.

Pour ce faire, le texte de 2008 dispose que chaque détenteur d’un chien catégorisé est responsable des actes de son animal et se doit de garantir la sécurité des personnes et des autres animaux domestiques.

Autrement dit, le fait de détenir un chien de catégorie 1 ou un chien de catégorie 2 (staff/pitbull, mastiff, tosa, rottweiler ou assimilé) contraint à respecter un certain nombre d’obligations et d’interdictions. Cette partie sera consacrée à leur présentation détaillée avec, pour chaque obligation/interdiction, la ou les catégorie(s) des chiens concernée(s).

La stérilisation (catégorie 1)

L’obligation de stérilisation concerne exclusivement les chiens de catégorie 1, assimilés aux races Staffordshire Terrier, Mastiff, Pitbull et Tosa, et non-inscrits au LOF. Elle est définie par la loi de 1999.

Cette stérilisation du chien est prise en charge par un vétérinaire et donne lieu à la délivrance d’un certificat qui doit pouvoir être présenté par le détenteur en cas de contrôle. Ce document engage la responsabilité du praticien. L’opération peut être envisagée à partir de 6 mois.

En cas de contrevenue, les sanctions prévues sont équivalentes au fait d’acheter, de vendre, de donner, d’introduire ou d’importer un chien de catégorie 1 :

  • 15 000 € d’amende,
  • 6 mois d’emprisonnement,
  • confiscation du chien,
  • interdiction de détenir un chien de catégorie 1 pendant 5 ans,
  • interdiction d’exercer une activité professionnelle liée à l’infraction pendant 5 ans.

L’attestation d’aptitude à la détention du chien catégorisé (catégories 1 et 2)

Le détenteur d’un chien catégorisé, quelle que soit la catégorie, doit obtenir une attestation d’aptitude.

Celle-ci témoigne de sa capacité à détenir un animal désigné par la loi sur les chiens catégorisés. Elle est établie en deux exemplaires :

  • l’un remis au détenteur,
  • l’autre adressé au préfet du département (en fonction du lieu de résidence de la personne formée).

L’attestation est délivrée à la suite d’une formation d’une durée de 7 heures, prise en charge par un organisme agréé (la liste des formateurs peut être obtenue auprès de la mairie ou de la direction départementale de la protection des populations).

Cette formation, dont le coût incombe au détenteur du chien catégorisé, comporte une partie théorique portant sur trois points :

  • Rappel des objectifs et enjeux (quand on adopte un chien dit « catégorisé ») ;
  • Connaissances sur le chien, et la relation entre le maître et le chien ;
  • Comportements agressifs et leur prévention ;
  • Faire des démonstrations et des mises en situation d’apprentissage des bonnes pratiques.

Une partie pratique permet ensuite de mettre en situation ces différents points, par le biais de démonstrations.

Qui doit obtenir l’attestation d’aptitude ? L’attestation est rattachée à une personne et non à un animal : elle témoigne de la capacité d’une personne spécifique à détenir un chien particulier. En d’autres termes, si le chien change de propriétaire, celui-ci est dans l’obligation d’obtenir sa propre attestation.

Le permis de détention (catégories 1 et 2)

Le permis de détention diffère de l’attestation de capacité. Il est remis par la mairie de la commune de résidence à toute personne souhaitant détenir l’un des animaux concernés par la loi sur les chiens catégorisés.

Cette obligation court depuis le 1er janvier 2010 et nécessite de respecter plusieurs conditions comme :

  • Avoir obtenu l’attestation d’aptitude à la détention d’un chien catégorisé.
  • Avoir fait évaluer le comportement du chien par un vétérinaire (à partir de l’âge de 8 mois : avant, la mairie remet un permis provisoire – voir encadré).
  • Avoir fait stériliser l’animal (uniquement pour un chien de catégorie 1).
  • Détenir les documents d’identification du chien suite à son inscription au fichier de l’I-Cad (Identification des carnivores domestiques), de vaccination contre la rage (rubrique IV du passeport européen pour animal de compagnie), et d’inscription au LOF le cas échéant (pour un chien de catégorie 2).
  • Détenir une attestation de responsabilité civile en cours de validité.
  • Détenir un justificatif de certification professionnelle (pour un éleveur).

Le permis se demande en mairie et son obtention est gratuite. Il faut remplir un formulaire et fournir toutes les pièces justificatives listées ci-dessus, ainsi que la pièce d’identité du demandeur. Le document, une fois obtenu, est à présenter en cas de contrôle de police.
Permis provisoire ou définitif

La validité du permis de détention dépend de l’âge du chien au moment de la demande. Avant 8 mois, la mairie délivre un permis provisoire, qu’il faut renouveler suite à l’évaluation comportementale. Après 8 mois, la mairie remet un permis de détention définitif.

L’évaluation comportementale du chien catégorisé (catégories 1 et 2)

L’évaluation comportementale est une étape essentielle pour tout détenteur d’un chien de catégorie 1 ou d’un chien de catégorie 2. Elle est réalisée lorsque le chien a entre 8 et 12 mois, par un vétérinaire agréé.

Cette évaluation vise à classer les chiens catégorisés selon leur niveau de dangerosité potentielle. Avec la nécessité, le cas échéant, de répéter l’évaluation dans un délai déterminé. Il existe quatre niveaux, indiqués dans le tableau suivant :

niveau de dangerosité des chiens catégorisés

En fonction du risque de dangerosité, le vétérinaire se doit de proposer des mesures préventives afin de garantir la sécurité des personnes :

  • comme le fait de limiter les contacts avec les personnes à risque,
  • ou d’éviter les situations susceptibles de représenter un risque.

Pour les chiens de catégorie 1 ou 2 tout de même estimés comme étant « dangereux » (en cas de morsure, par exemple), il est possible que soit prononcée la détention de l’animal dans un « lieu de dépôt adapté » (source) . Dans les cas extrêmes le chien peut également être euthanasié.

La souscription d’une assurance responsabilité civile (catégories 1 et 2)

Tout détenteur d’un chien catégorisé est dans l’obligation de souscrire une assurance responsabilité civile.

Celle-ci doit couvrir les dommages que le chien de catégorie 1 ou 2 est éventuellement amené à causer à des tiers (y compris des membres de la famille du détenteur), que ces dommages soient corporels ou matériels.

Les mesures de prévention en privé comme en public (catégories 1 et 2)

La loi sur les chiens catégorisés a pour ambition d’assurer la sécurité des personnes et des animaux domestiques, en ciblant les chiens qu’elle considère comme étant potentiellement dangereux.

En plus des démarches déjà citées, le détenteur d’un chien de catégorie 1 ou d’un chien de catégorie 2 doit appliquer un certain nombre de mesures de prévention lorsqu’il promène l’animal dans l’espace public, mais aussi au sein de son logement privé.

Les règles dans les lieux publics

Ces règles concernent la voie publique, les lieux publics, les locaux ouverts au public, les transports en commun et les parties communes d’un immeuble collectif :

  • Le chien doit être muselé et tenu en laisse par une personne majeure.
  • Il est interdit de stationner avec le chien dans les parties communes d’un immeuble collectif, en intérieur comme en extérieur.

👉 Attention : ces règles ne s’appliquent qu’aux chiens de catégorie 2.

Les chiens de catégorie 1 ont l’interdiction d’accéder aux lieux publics quels qu’ils soient, à l’exception de la voie publique (promenade dans les rues ou dans un parc) et des parties communes, à condition d’être muselés et tenus en laisse par une personne majeure.

Les règles au sein du logement privé (immeuble d’habitation)

Un locataire possédant un chien de catégorie 2 ne peut pas se voir opposer par son bailleur une clause d’interdiction de détenir un tel animal au sein du logement occupé. En revanche, cette interdiction peut porter sur un chien de catégorie 1, au titre de la loi de 1999 (source).

En tout état de cause, tout bailleur ou copropriétaire est en droit de saisir les autorités (mairie ou préfet de police) s’il a connaissance d’un cas de dangerosité concernant un chien qui réside dans un logement de l’immeuble. Le cas échéant, si l’animal présente un danger pour les personnes ou pour les animaux domestiques, les autorités peuvent exiger de son propriétaire qu’il prenne des mesures de prévention.

Le fait de promener son chien sans laisse, ou sans muselière, peut être perçu comme une infraction à la loi. Cela ne signifie pas, pour autant, que les chiens en question sont dangereux.

Les conditions de garde du chien

Afin d’assurer le bien-être du chien, celui-ci doit être placé en garde dans des conditions qui sont compatibles avec ses impératifs biologiques (espace suffisant, nourriture adaptée, etc.) et sans mauvais traitements.

tableau récapitulatif

Tous les chiens (et pas exclusivement les chiens catégorisés) peuvent faire l’objet d’une demande d’évaluation comportementale de la part des autorités s’il y a suspicion ou manifestation d’un cas d’agressivité.

Déclarer une morsure

Les morsures constituent un problème de comportement auquel il faut s’adresser sans attendre.

Par ailleurs, toute morsure d’une personne par un chien doit faire l’objet :

  • d’une déclaration en mairie,
  • puis d’une évaluation comportementale par un vétérinaire. Cela pourra déboucher sur un changement de niveau de dangerosité, voire sur une obligation de suivre une formation.

Cela ne s’applique pas seulement aux chiens catégorisés, mais à l’ensemble des chiens, quelle que soit la race. Dans les cas extrêmes, s’il existe un danger grave et immédiat, le vétérinaire peut faire procéder à l’euthanasie du chien.

La loi, oui, mais surtout l’éducation du chien

La loi sur les chiens catégorisés est stricte.

  • Elle classifie les chiens en fonction de leur race et de leur morphologie.
  • Elle prévoit des obligations spécifiques, impose des interdictions rigoureuses, contraint à effectuer des démarches complexes et chronophages et onéreuses (la formation étant à la charge des propriétaires).
  • Les propriétaires des chiens concernés qui ne la respectent pas risquent des sanctions sévères.

En réalité, la loi passe à côté du vrai problème.

Car si la génétique détermine l’apparence physique et les traits de caractère des chiens, en revanche, elle n’a rien à dire sur le comportement. En effet, celui-ci découle de l’élevage, de la socialisation, des conditions de vie, des traumatismes, ou encore de l’éducation que reçoit l’animal. En ce sens, un chien n’est potentiellement dangereux que s’il est agressif, et il n’est agressif que dans certaines circonstances bien particulières. C’est vrai des chiens catégorisés.

D’ailleurs, ce sont précisément les chiens agressifs qui sont le plus souvent amenés à mordre.

Respecter la loi sur la catégorie des chiens est une chose… mais la véritable solution se trouve dans l’éducation ! Or, celle-ci est quasiment condamnée par une loi qui empêche les propriétaires de démuseler leur chien ! Pour l’animal, il devient – du même coup – impossible de jouer, d’utiliser sa gueule ou simplement d’interagir avec les humains et/ou ses congénères… En n’ayant plus une once de liberté (qu’ils trouveraient dans une simple balade, sans contrainte), ces chiens se sentent donc à l’étroit… et peuvent devenir agressifs !

« L’enfer est [bien] pavé de bonnes intentions »…

Une bonne connaissance de l’animal, de ses habitudes, et de ses besoins, suffit le plus souvent à identifier les mauvais comportements et à les corriger au plus vite. Le plus important, c’est donc :

  • de porter à son chien toute l’attention qu’il mérite,
  • de lui offrir les meilleures conditions possibles pour qu’il s’épanouisse,
  • et d’entretenir avec lui une relation de qualité.

Le recours à un éducateur canin comportementaliste peut s’avérer nécessaire si aucun changement positif n’est observé après avoir suivi les préconisations listées ci-dessus.

Pour conclure, découvrez le reportage exclusif d’Esprit Dog sur une loi « raciste ». Dans ce documentaire, Esprit Dog vous emmène dans l’enfer des chiens catégorisés, l’enfer de ceux qui n’ont pas le droit au paradis, l’enfer de ceux qui sont condamnés avant même de naître.