Enzo quand il débarque au centre Esprit Dog avec Andréa et Laeticia c’est un peu particulier.
C’est un chien qui :
- a eu une préconisation d’euthanasie,
- voit des éducateurs canins et qui va en club.
Quand il arrive chez nous, il a l’air normal. Alors il faut creuser un peu.
Première analyse d’Enzo face à un humain
L’idée est de faire passer un élève juste pour voir comment ça se passe.
On va voir que le chien baisse son centre de gravité, et il y va et repart tout de suite en reculant vers son maître. Enzo n’est pas très sûr de ce qu’il est en train de faire. On va refaire passer l’élève et cette fois-ci, lors de ce 2ème passage, le chien y va plus franchement.
On est sur un chien qui se permet des choses quand il est en confiance et qu’il connaît le terrain.
Est-ce que ces gens-là sont routiniers, est-ce qu’ils marchent tout le temps au même endroit ? Une fois qu’il connaît par cœur, il se permet tout et n’importe quoi. C’est une première analyse que l’on peut faire : à voir si elle est juste plus tard. Mais cette analyse ne va pas avec le discours des maîtres.
L’expérience des maîtres avec les éducateurs canins
Les maîtres : Les éducateurs nous ont dit qu’Enzo est un chien, réactif, que c’est dans ses gênes et qu’on ne pourra pas le changer, que c’est génétique.
Tony : C’est un peu surréaliste. Quand on leur demande à quel moment est arrivé le premier signe d’agressivité, ils répondent 6 mois. Ça ne peut pas être génétique. Ce qui aurait été possible, c’est de voir des micros signaux jusqu’à 6 mois et dès que le chien a plus de courage et est avancé dans l’âge, ça peut être plus marqué.
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Tous les éducateurs qu’ils ont vu n’ont rien compris au chien. Parmi les techniques employées par les autres éducateurs qu’ils ont croisé, une ressort : le détournement d’attention et la fuite. Dès qu’on croise un humain, on le divertit avec son jouet et on part sur un côté ou on lance des friandises au sol… C’est ce qu’on leur propose.
Les maîtres : on été perdus là dedans, on jette des récompenses pour l’attention et on lui en donne quand il fait les choses biens. Donc on le bourre de récompenses. On nous dit que ça va prendre du temps, qu’on ne réglera pas ça du jour au lendemain, mais on a vu aucun avancement et c’est de pire en pire.
Trouver le vrai problème
Ça ne peut pas marcher parce que tu ne peux pas détourner un problème et penser que le problème se règle. On dit au chien « bravo, ton attitude fonctionne, tu n’aimes pas les humains » et on les contourne.
Ça pose un problème de fragilité pour le propriétaire aussi alors qu’il ne l’est pas forcément. Ça montre au chien que son maître est encore plus fragile que lui. Le chien va devoir s’imaginer qu’il doit prendre les décisions à la place du propriétaire car lui aussi fuit.
« La dernière solution qu’on nous donne c’est un traitement médical ou l’euthanasie. Quand on nous l’a dit, on y a beaucoup réfléchi mais une petite voix nous a dit que non, ce n’était pas possible, on le connaît. Il faut qu’on arrive au bout en se disant qu’on a tout fait, tout essayé. On était dans une spirale négative, on ne rigole plus, on est triste, on regarde Enzo et on se dit qu’il est super et on l’aime tellement. C’est impensable. On s’est laissé porter par les éducateurs, on était malheureux et le chien aussi. On se sent coupables et, là, on nous donne la chance de rectifier cela, avec Esprit Dog » nous confient Andréa et Laëtitia.
Quand on arrive à ce stade et que tu travailles avec beaucoup d’éducateurs et qu’à la fin on dit que c’est génétique, que c’est dans son ADN et qu’il faut piquer, tu te poses vraiment la question. C’est plus que triste car ce sont des gens qui aiment leur chien plus que tout. Quand ils sont ensemble, il n’y a pas de soucis.
Bien entourer le chien et mieux le comprendre
Pour pouvoir leur dire que c’est faux, il faut leur montrer.
Je fais passer un élève seul à côté de leur chien ; mais j’ai envie de voir l’attitude du chien face à 20 personnes autour de lui. Alors qu’est-ce qu’il se passe ? Rien.
Seulement, les maîtres ne sont pas bien et pensent que le chien va faire un carnage, ils vont être terrorisés du moindre bruit, du moindre mouvement du chien. Quand on va récupérer le chien en laisse, quand on lui met la longe et qu’on commence un trajet de 30 minutes, Andréa se décompose.
C’est la stratégie de situation de masse : dès le premier jour, on le met dans toutes les situations et on va mettre du rythme. On doit mettre les maîtres dans une situation inhabituelle pour voir la réaction du chien et les confronter à ça.
Remettre les choses en place à cause d’une passion canine désordonnée
Le premier jour, j’ai gagné contre eux. Il faut continuer en ville avec pour consigne : pas le droit de s’échapper, de le récompenser, pas le droit d’utiliser son jouet mais juste le droit de marcher avec lui.
Andréa et Laëtitia viennent de voir la vie qu’ils voudraient avoir en seulement 2 jours, le panel de ce qu’ils n’ont jamais le droit de faire dans leur vie quotidienne. Maintenant on va pouvoir amorcer le changement intellectuel et la façon de penser.
Seulement, la passion pour le club canin d’Andréa est un frein. Je le sens déçu. Il est formaté : tout ce qu’il fait sent l’obéissance de club (mimiques, façon de marcher, façon de tenir le chien, positions corporelles…). Alors on va faire de l’obéissance ensemble.
Tout ce qu’Andréa va être épié :
- toutes les mauvaises gestuelles,
- son timbre de voix,
- son comportement,
- sa marche, etc.
Andréa et Laëtitia se disent que tout ce qu’ils ont fait était faux. Pour eux, Enzo ne pouvait pas s’en sortir puisqu’il recevait de fausses indications. Ils doivent se rééduquer eux-mêmes.
Un changement d’état d’esprit et une prise de conscience
Le lendemain, Andréa vient sans la tenue déjà et plus l’état d’esprit qu’il y a eu pendant trois jours. On a des gens normaux, Andréa arrive neuf. Je lui demande s’il avait besoin de moi pour aller en ville car je voulais savoir s’il avait compris ce qu’il avait vu et s’il se sentait capable de faire autrement, d’être quelqu’un d’autre pour son chien.
Andréa s’est allégé aussi au fur et à mesure, c’est une délivrance pour lui. Si Enzo peut le faire, Andréa peut le faire aussi. Il a prend son courage à deux mains et a envie de le faire.
Tony voit qu’en ville il y arrive, il est capable, il peut le faire. Enzo n’est pas un chien avec des gênes qu’on ne pouvait pas corriger.
Enfin, retrouver le plaisir du jeu avec Enzo et de l’éducation canine
Les autres jours, ça va être une suite de jeux sur des terrains énormes où on va faire réfléchir Enzo, sans muselière.
On va leur montrer que la vie, même en club, peut ressembler à ça. On a un bon maître et un bon chien.
Est-ce que ce chien méritait d’être piqué ? Bien sûr que non. Je n’ai pas souvenir qu’on ait autant parlé de « piquer le chien » pour un autre cas.
Andréa s’en veut et aux éducateurs aussi parce qu’ils n’ont pas eu le courage de lui dire qu’ils n’y arrivaient pas avec Enzo et d’aller voir quelqu’un d’autre.
Pour Tony : On est sur des gens biens et fragiles, qui aiment leur chien et qui voulaient une autre vie. À chaque parole et chaque action qu’ils voient, ça les touche. Quand tu vois ça, tu te demandes pourquoi les gens qu’ils ont rencontrés les ont mis dans cet état.
Notre travail en tant que professionnel, c’est de dire « ça va se régler », c’est notre boulot de régler le problème. Et à la fin ça se règle toujours parce que c’est notre travail. Le jour où ça ne se règle pas, c’est qu’il faut arrêter.