Il n’y a pas de mauvais chiens, que des mauvais maîtres !

Il y a une phrase qui revient très souvent, c’est : il n’y a pas de mauvais chiens, il n’y a que de mauvais maîtres. Je vais vous dire un truc, je ne suis pas d’accord avec ça. Je pense qu’il n’y a pas que des mauvais maîtres. Il y a des maîtres mal aiguillés qui deviennent ensuite de mauvais maîtres. Tout comme il y a des chiens qui n’étaient pas mauvais, au départ, et qui deviennent de mauvais chiens parce qu’ils ont été mal éduqués.

C’est une nuance, mais c’est une nuance qui est très importante. Cela peut paraître facile de secouer un petit peu ces maîtres qui ne s’en sortent pas en disant : ce n’est pas possible, c’est évident. Ce n’est pas si évident que ça parce que même mes  propres amis écoutent aussi les autres éducateurs. Ils écoutent aussi les gens qu’ils croisent dans la forêt et qui racontent un peu tout et n’importe quoi. Résultats, ils en viennent à me poser des questions vides de sens.

« Ouais, mais tu sais, on a croisé un type derrière un arbre qui avait l’air de s’y connaître un petit peu… ». Tout le monde y va de son avis, de son conseil, de son expérience plus ou moins juste… Qu’il est extrêmement dur de faire le tri dans tout ça. Sincèrement, j’ai envie de dire à tous ces maîtres qui ne s’en sortent pas que vous n’êtes pas automatiquement des mauvais maîtres. Vous êtes des maîtres qui avez été mal aiguillés, qui avez forcément commis des erreurs, mais tout est récupérable si on s’occupe bien de vous.

Il n’y a pas de mauvais chiens, ni de mauvais maîtres

Il y a des gens qui font n’importe quoi avec leur chien d’un point de vue technique. Mais qui, de leur point de vue, font le meilleur. C’est-à-dire qu’ils aiment leur chien comme des fous, mais ils n’ont simplement pas la bonne méthodologie de travail. Est ce qu’on peut dire pour autant que ces gens-là sont de mauvais maîtres ? Non ! Ce sont des maîtres qui manquent d’expérience, de façon de faire, de clairvoyance peut-être. En aucun cas ils ne sont mauvais pour leur chien. Les mauvais maîtres, ce ne sont pas eux. Les mauvais maîtres c’est ceux qui tapent, c’est ceux qui brutalisent. Ce sont ceux qui ne donnent pas à manger, ceux qui font vivre n’importe quoi à leur chien.

Je veux vraiment que vous arriviez à faire cette analyse-là. Sinon, en utilisant ces phrases un peu préconçues, vous empêchez tout dialogue et vous culpabilisez des maîtres qui n’avaient aucune intention de mal faire. Quand on empêche le dialogue, on empêche les gens de s’en sortir et on empêche les chiens de s’en sortir. Oui, il y a des mauvais maîtres, bien sûr, c’est évident. Mais il ne faut pas taper sur tous les maîtres qui ont des difficultés. Ça peut arriver à n’importe qui de rencontrer des difficultés avec un chien qui parfois a un peu de tempérament ou un peu de caractère. En tout cas qui est un peu plus à cheval que les autres. Résultat, on doit surtout les aiguiller. Pour les aiguiller, on doit les aider et les aider en étant constructif, pas en les montrant du doigt.

Je vais me retirer de cette conversation pour vous dire qu’il y a aussi des bons, des très bons éducateurs. Pour les trouver rien de compliqué. Chaque fois que vous en voyez un, quand vous discutez, si vous sentez qu’il est refermé sur lui-même sans jamais chercher une méthode qui serait une méthode qui s’adapterait à votre chien : partez.
À nous, éducateurs canins, de balayer un tout petit peu dans notre petit monde pour qu’il y ait de moins en moins de maîtres égarés et mal aiguillés.