L’insuffisance mitrale chez le chien

Tout d’abord, qu’est-ce que la cardiologie ? La cardiologie est l’étude des maladies du cœur et du système circulatoire. Ensuite combien existe t-il de maladies cardiaques ? On recense plus d’une douzaine de maladies cardiaques. Savez-vous qu’une maladie cardiaque représente, à elle seule, dans une clinique vétérinaire généraliste 80 % des cas de cardiologie ? Attardons nous sur l’une d’entre elles : l’insuffisance mitrale.

Qu’est-ce que l’insuffisance mitrale ?

Le cœur est un muscle, creux, qui se compose de 4 cavités. La valve mitrale se trouve dans le cœur.

Cette valve sépare deux de ces cavités sur le côté gauche du cœur. Elle est censée se fermer, de façon hermétique, à un moment précis du cycle cardiaque. C’est la fermeture simultanée de plusieurs valves qui génère une pression ; ce qui permet qu’à l’ouverture de la valve de sortie, le sang sorte et circule sous pression dans tout l’organisme.

Or, si cette valve mitrale ne se referme pas hermétiquement, il y a un reflux de sang. Cela a des conséquences hémodynamiques (hémo = sang) néfastes, gênantes, pour le chien.

Quelles sont les conséquences de l’insuffisance mitrale ?

La plus grande conséquence de ce sang qui n’est pas éjecté : c’est un rendement bas du cœur.

Cela signifie qu’il y a moins de sang qui arrive dans les organes et moins d’oxygène qui arrive dans les muscles ; résultat des courses :

  • une diminution du rendement du chien,
  • une activité physique moindre,
  • une intolérance à l’exercice,
  • et un chien qui, généralement, s’essouffle plus facilement.

Le plus dangereux, c’est ce reflux de sang, qui n’existerait pas si la valve se fermait hermétiquement.

Au début, ce reflux sera compensé, car le cœur a une certaine capacité à s’élargir, à héberger un plus grand volume de sang mais à un moment, inévitablement, une augmentation de pression a lieu et quand elle survient, se généralise et atteint les vaisseaux pulmonaires qui arrivent à la partie gauche du cœur, alors il peut y avoir un risque de sortie de liquide de ces vaisseaux, qui ne sont pas totalement imperméables. Quand la pression est trop importante, le liquide peut sortir.

Or, ici, ce sont des vaisseaux pulmonaires et le liquide qui sort de ce type de vaisseaux peut provoquer un œdème pulmonaire (accumulation de liquide dans les poumons) chez le chien et qui menace sa vie.

Est-ce que certaines races de chien sont prédisposées à cette insuffisance ?

Oui. Il y a une prédisposition génétique démontrée chez le Cavalier King Charles.

Cette prédisposition génétique est fortement suspectée sur l’ensemble des petites races. C’est une maladie que les vétérinaires diagnostiquent quasi exclusivement sur des chiens de moins de 10 kilos, exceptionnellement sur des chiens plus grands, mais c’est souvent dû à un problème secondaire sur ce type de chiens, et dû à un autre problème cardiaque.

D’autres races sont touchées ?

Oui. Disons que le Cavalier King Charles est un chien atteint plus précocement.

Sur d’autres chiens comme sur le Yorkshire Terrier, le caniche nain, le bichon maltais et d’autres, c’est une maladie qui peut apparaître généralement à partir de 7-8 ans. À partir de cet âge, plus le chien est âgé, plus il y a de risuqes qu’il développe la maladie.

Comment peut-on dépister l’insuffisance mitrale ?

Normalement, le dépistage se fait en clinique vétérinaire mais peut se faire avant que les premiers symptômes apparaissent simplement lors d’une visite.

Lorsque un chien vient se faire vacciner, vermifuger ou ausculter, le vétérinaire détecte un souffle. Ce souffle signe le mauvais fonctionnement de la valve car ce qui provoque le bruit est le frottement du sang par le petit espace qui est laissé ouvert par la valve qui ne ferme plus hermétiquement.

Il peut se passer plusieurs années entre la détection de ce souffle et l’apparition des premiers symptômes.

Il n’y a pas de test génétique ; ce qu’il faut c’est : ne pas oublier d’inspecter le chien avant de faire un vaccin ou avant de faire une intervention de routine.

Très souvent, c’est une maladie silencieuse pendant longtemps et étant donné que c’est silencieux, quand le maître se rend compte qu’il y a un problème, on peut probablement penser que le problème existait déjà depuis plusieurs mois ou plusieurs années.

Peut-on dépister les reproducteurs ?

C’est une maladie à déterminisme polygénique. Cela veut dire qu’il n’y a pas un seul gène mais plusieurs gènes comme :

  • une pénétrance incomplète, cela signifie que le développement de la maladie ne dépend pas exclusivement des gènes ;
  • des gènes protecteurs qui pourrait protéger le chien contre le déterminisme génétique ;
  • un caractère à seuil, c’est à dire que plusieurs gènes ont une influence sur l’apparition ou la non apparition de la maladie. Il faut avoir un certain nombre de chacun d’eux qui coïncident pour développer la maladie.

C’est difficile de faire une exclusion génétique car il faut d’abord trouver ces gènes – ce qui n’a pas été fait à ce jour. En plus, le développement de la maladie a lieu, très souvent, après la vie fertile de l’animal.

Des chiens qui ont une insuffisance mitrale ont parfaitement pu se reproduire étant donné que la maladie apparaît tard.

Existe-t-il des traitements contre l’insuffisance mitrale ?

Oui, il y a des traitements qui ne sont pas curatifs mais on a démontré que ces traitements prolongent l’espérance de vie des animaux et augmentent aussi leur qualité de vie.

Ils se basent sur le fait qu’on peut prévenir l’augmentation de la pression avec plusieurs médicaments, notamment de la famille des diurétiques et des vasodilatateurs.

Est-ce qu’il y a une race de grand chien prédisposée à cette maladie ?

Chez les grands chiens, l’insuffisance mitrale est vraiment rare.

On la rencontre parfois sur des chiens qui ont, en plus ou déjà, une déformation du cœur, une cardiopathie dilatée. Elle est peu fréquente et pas particulière à une race de grands chiens.

L’insuffisance mitrale expliquée en vidéo

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