Link, un Malinois croisé agressif envers l’humain

Link est un croisé Malinois et Berger Blanc Suisse de 5 ans qui est agressif humains depuis à peu près 3 ans. C’est beaucoup de logistique, de vigilance, de stress.

Le premier ressenti de Tony concernant Link

Dès qu’il descend de la voiture, je sais ce qu’il a. C’est une coquille vide, c’est un chien qui ne veut rien.

Dès qu’il descend, il est en état de mort cérébrale, il n’a rien. C’est comme s’il n’y avait que le corps et qu’il n’avait plus d’âme. Il est vide.

C’est qu’un ressenti, il faut aller gratter et aller voir si je ne me trompe pas.

Ça n’allait pas être le chien le plus difficile qu’on ait eu mais c’est un chien qui a quand même déjà fait de multiples morsures. C’est un chien qui a fait des dégâts, qui s’est enfui de chez lui, qui a mordu 4 personnes sur le chemin.

Après plusieurs morsures du chien, que faire avec Link ?

Quand il s’est enfui, il a mordu 4 personnes sur le chemin. Une personne a porté plainte, les maîtres de Link se sont retrouvés au tribunal avec une évaluation comportementale.

« Nous avons un ami qui est venu à la maison et Link arrive, il se faufile entre nous et saute sur notre ami. Link commence à lui chopper l’avant-bras, notre ami a le réflexe d’enlever son avant-bras mais Link lui attrape la cuisse. À l’heure actuelle, notre ami garde encore les traces de la gueule de Link. Là, on s’est dit plus jamais on invite qui que ce soit. On est jamais très sereins » nous confient-ils.

Tony se demande pourquoi il a mordu autant de fois, il essaie de comprendre ce qu’il s’est passé et de lui redonner l’envie d’être bien, de jouer, d’être heureux, de vivre. « Après ce n’est pas le plus dur des cas mais c’est un des chiens qui te rend triste quand on le regarde. »

Les maîtres nous racontent que les gens s’écartent, qu’ils ont des mouvements de recul et regardent le chien en les jugeant, alors qu’ils essaient de travailler avec lui. Esprit Dog est pour eux leur dernière chance car ils ont l’impression que personne n’arrive à les aider.

Pour Tony, ils sont au bout de leur vie car Link leur mène la vie dure. Ce sont des gens qui ont déjà fait des cours, des centaines de cours. Avant même de penser à qui a fait les cours, on peut imaginer le budget dépensé. Ils se sont acharnés à faire en sorte que ça s’améliore.

Comment est-ce possible qu’en 100 cours rien ne se passe ? Il est rapporté que Link ne joue pas et qu’on leur avait interdit de jouer avec leur chien parce que ça développe son agressivité, et ce, depuis 3-4 ans. C’est énorme ! Link n’a pas vu d’amusement depuis tout ce temps.

Récupérer Link : la priorité n°1 !

La première chose qu’il faut faire : leur montrer qu’on peut tout faire, le récupérer, le caresser, l’immerger avec tout le monde. Il faut leur montrer que leur vie va changer.

Tony va mettre en place quelque chose qui va perturber Link et les maîtres : l’interdiction de demander quoi que ce soit. On est sur un chien qui ne veut pas faire d’obéissance mais qui veut se promener.

« On l’a harcelé d’obéissance parce qu’on s’est basé sur les conseils donnés. Et on lui a interdit d’aller voir ce qu’il voulait aller voir. C’étaient des solutions difficiles à mettre en place car il suffisait d’un petit manque d’attention et ça repartait. Il fallait toujours le cadrer, le faire obéir. Si on n’était pas à fond, ça n’allait pas et ça nous rajoutait du stress. » nous confient les maîtres de Link.

Lui apprendre différemment pour l’accompagner

Quand un chien montre qu’il est d’accord pour apprendre le strict minimum mais qu’il veut simplement jouer avec son maître, se promener, profiter de la vie… c’est le danger du chien qui ne veut pas. Mais implicitement, si on lui offre la promenade, on lui offre le rappel et le suivi naturel, on lui apprend des choses qui lui servent. Si on part sur un terrain avec des tas d’ordres, assis, couché, pas bouger, tiens, marche au pied, avec un collier… il sature et c’est comme ça que le chien va développer une vraie agressivité.

Le premier jour, on rentre donc dans une discussion avec le chien. Le deuxième jour, on enlève la muselière et on initie des phases de jeu. Mais ils sont paniqués. Puis le troisième jour, Link demande le jeu quitte à être pénible et va aboyer car on ne va pas assez vite selon lui.

Lui qui avait perdu son sens du jeu, qui ne savait plus ce que c’était de jouer, il redécouvre le jeu et il se met à jouer de lui-même. C’était étonnant.

Sortir en ville avec Link

La sortie dehors c’était encore autre chose.

On prend le chien en laisse en ville et ils hallucinent. Ils me disent que c’est parce que c’est moi qui le tient que ça marche. Alors je donne le chien à une autre personne et ça marche tout autant. Je leur dis qu’ils ont vécu a existé, mais n’existe plus, maintenant ça change : Link peut aller avec tout le monde. Le chien était interdit de renifler et n’avait plus de liberté.

Les maîtres : Tout ce qu’on faisait était beaucoup trop cadré. Le fait de lui donner un peu de liberté, de suite, a fait qu’il a bien réagi.

Pour Tony, le vrai secret, c’est de se dire « si je ne peux pas te détacher, il faut bien que tu puisses renifler ».

« Si tu veux renifler, vas-y, si tu veux aller à gauche vas-y. » Ce chien va se dire : « c’est comme ça que je veux que se passe ma vie. »

On va avoir un chien qui va tirer dans tous les sens pour renifler, qui va passer des humains, des chiens, des poussettes… et sans aucun problème. On s’installe à une terrasse pour qu’il soit statique et il va dormir. Link ne veut pas d’histoire, c’est un vrai pépère.

Expérimentation pour gérer la réactivité humaine de Link

Cette semaine va être particulière avec eux parce que finalement on s’attarde une journée et demie sur la réactivité humaine. Mais ensuite ça va être qu’une continuité de rééducation par le plaisir, de rééducation mentale. On va devoir dire à Link que sa vie va être bien, qu’il va avoir la vie de n’importe quel chien et ensuite on verra.

C’est une réanimation. On est sur un chien qu’il faut réanimer. Je veux qu’il nous voit comme des joueurs et qu’il comprenne qu’on lui offre de bons moments.

C’est comme ça qu’on pourra lui dire « non » sur certaines choses.

Link était un chien condamné, sa vie ne résumait à rien, comme s’il était euthanasié à l’intérieur. Il a quand même mordu quelques fois donc on ne peut pas dire qu’il était facile. Mais un chien qui pourrait faire des bonds jusqu’à ta tête si tu l’abordes n’importe comment ne fera pratiquement aucun bond si tu l’abordes correctement.

Objectif de l’expérimentation

L’objectif est de le récupérer dès le premier cours. Je prends la laisse, je le caresse. C’est un chien qui a été difficile dans sa vie mais qui est surtout incompris, comme les maîtres. On doit rentrer dans la tête de Link, essayer de se mettre à sa place et de se plonger dedans.

Pour les maîtres, le problème vient d’eux parce qu’ils n’avaient pas les bonnes méthodes et que celles-ci n’étaient pas comprises par Link.

« Ils ont fait preuve d’abnégation après plus de 100 cours. Ce sont des vrais gens qui donnent un motif d’espoir pour tout le monde. Aucun chien n’est irrécupérable. » souligne Tony.

Le bilan de l’expérience avec un chien réactif

Les maîtres : Faut jamais perdre espoir et écouter ce que les gens peuvent dire comme « fais-le piquer », « abandonne-le », « pourquoi tu le gardes ? ». Non, en fait il n’y a pas de cause perdue. Si le maître est capable de se remettre en question, il y a toujours une solution.

Ils ont toutes les clés pour réussir maintenant. Pour les maîtres de Link même un « merci » ne suffit pas. D’après eux, ils ont eu une chance énorme d’être ici, de pouvoir partager ça avec tout le monde, avec Link. C’est un grand pas pour eux.