L’histoire de Sylvie et Padawan, le Malinois agressif, c’est l’histoire d’un « chien incompris ». C’est tout le concept de ce que l’on fait là. Nous avons souvent des histoires extraordinaires, et là, je trouve son histoire d’une banalité affligeante. C’est dramatique d’avoir un Malinois qui vient puisqu’il serait agressif à l’humain selon cinq éducateurs.
Ces derniers ont posé un diagnostic sans appel.
Ils m’ont dit que c’est une chienne craintive
« Elle sera toujours dangereuse !!! »
C’est un avis très arrêté qui n’offre pas énormément de solutions. C’est poser de mauvais diagnostics face à une personne qui a envie de bien faire. Cette dernière va commencer à se dire que sa chienne est folle, qu’elle ne pourra plus jamais profiter avec elle. En effet, pendant des mois on lui a martelé qu’elle n’arrivera jamais à dresser son chien.
La ville, Sylvie n’osait pas trop. Elle changeait de trottoir et Sylvie longeait les murs. Elle évitait toutes les personnes qui pouvaient l’entourer. Elle allait surtout en forêt à des heures où Sylvie était sûre de ne rencontrer personne. Elle n’avait absolument plus confiance en elle.
Maintenant, elle va devoir vivre avec une chienne qui a raté toute l’éducation des premières années de la vie du chiot. On aura beau l’aider, nous allons améliorer beaucoup de choses, mais ce qui n’a pas été fait est perdu.
En effet, il est extrêmement dur de récupérer ce qui n’a pas été fait pendant les premiers mois de vie du chien.
Malinois agressif : on m’a dit de faire avec !
C’est une chienne que nous n’avons jamais vue et qui vient d’arriver.
En deux secondes, elle n’avait plus de muselière. En effet, elle est arrivée avec une muselière qui ne tenait pas bien la bouche. Elle n’en voulait pas et se sentait gênée.
C’est une chienne qui ne se préoccupe pas des humains en face d’elle. Nous sommes avec les élèves, il y a du monde, et à aucun moment elle ne jette un coup d’œil ou ne se soucie de ce qu’il se passe.
Nous avons juste une chienne qui a envie d’enlever la muselière pour aller jouer et il ne se passe rien d’autre.
Il y a la partie technique que je viens d’expliquer et une partie ressentie. Cette dernière s’explique difficilement. Nous allons donc enlever la muselière et Sylvie va avoir un impact psychologique énorme.
Elle se rend compte que son Malinois n’est absolument pas agressif comme les autres éducateurs lui avaient dit.
Mon Malinois n’est pas dans l’attaque ou l’agressivité.
Notre travail, consiste à lui dire qu’il y a un premier impact psychologique qui a été mis, mais ce n’est pas suffisant.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème ou que sa chienne est heureuse et n’a aucun souci. Elle n’a pas les soucis que d’autres éducateurs ont pu lui annoncer. Résultat, si nous ne décrivons pas les bons soucis, nous ne pouvons pas trouver les bons remèdes.
Le premier cours va être compliqué pour Sylvie.
Elle va se rendre compte, au fur et à mesure de nos indications, que cela ne va pas être évident. Elle ne réfléchit pas assez vite pour le moment. C’est quelqu’un d’intelligent qui comprend tout. Toutefois, elle voit ce qu’il se passe et elle entend tout. Résultat, à la fin du cours elle va pleurer.
De plus, c’est la première fois que l’on pose des mots et que l’on diagnostique réellement le problème de sa chienne.
Nous sommes sur un décalage entre le tempérament de Sylvie et sa chienne. Son Malinois est intellectuellement supérieur à beaucoup d’autres chiens. Il va donc falloir qu’on lui propose des exercices beaucoup plus complexes qui vont pousser l’animal à réfléchir.
Ainsi, la chienne sera intéressée. Si cette dernière est intéressée, sa maîtresse sera intéressée aussi.
Rééduquer un Malinois agressif, une méthode efficace et constructive
Au début, c’est très frustrant !
Recevoir un chien qui n’a pas besoin de rééducation à cause d’une pseudo-agressivité à l’humain, c’est très frustrant.
Néanmoins, très vite, je vais me rendre compte que cette chienne stimule l’inventivité. Lorsque l’on a une chienne comme ça, ça réveille ! En effet, Padawan va rapidement faire comprendre à tout le monde qu’elle s’ennuie très rapidement et qu’il est important de stimuler tout aussi rapidement.
Cette chienne oblige à penser, à réfléchir et à faire réfléchir les personnes autour de soi. Ici, nous ne sommes plus sur de l’obéissance. Il va falloir inventer des choses qui n’ont jamais été faites et qui ne sont jamais proposées. Il va falloir lui stimuler le cerveau. En effet, il suffit de montrer une fois l’exercice au chien pour que celui-ci le comprenne. Il n’y a aucun temps de travail avec elle. Ainsi, lorsqu’elle comprend les besoins de l’exercice, elle n’a besoin que d’un seul essai pour le réaliser. À travers ces exercices, nous allons montrer des choses plus simples à mettre en action. Ainsi, lorsque Sylvie rentre chez elle, elle n’est pas besoin de moyens disproportionnés. On va également montrer à Sylvie les différents besoins de sa chienne.
Elle avait commencé à pincer, donc je n’avais pas confiance.
Dès le départ, Sylvie nous dit que la chienne a pincé quelqu’un.
Cette information va me trotter dans la tête pendant un long moment. Lorsque l’on a mis tous les exercices en place et que ces derniers ont été réalisés avec succès, il est possible de proposer des choses plus fourbes à l’animal. J’ai envie de savoir pourquoi le chien a pincé alors que je n’ai, à aucun moment, vu ce Malinois agressif au cours de son séjour.
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J’ai pris un pet corrector. Ensuite, j’ai fait un petit bruit avec dans ma poche. Ce bruit n’avait pas pour but de faire réagir la chienne. En effet, j’étais à distance et j’ai fait un bruit qui n’est pas habituel pour le chien. Résultat, elle est venue claquer les dents et elle est partie s’asseoir. À ce moment-là, même la chienne ne contrôle pas ce qui se passe. Cet animal, si on ne l’avait pas embêté de sa naissance à aujourd’hui, aurait un meilleur niveau sensoriel. On pourrait alors claquer des mains sans qu’elle ne perde le contrôle d’elle-même.
Il n’y a aucune agressivité ni de haine ni de méchanceté. C’est juste un chien très intelligent en déficit sensoriel. À partir de là, nous pouvons intégrer des bruits différents et l’embêter afin d’augmenter son seuil de tolérance. Toutefois, avec cette chienne c’est très rapide. En effet, une fois que l’animal connait le bruit ou la stimulation, elle s’y habitue.
Il y a toujours un moment où la personne nous demande de réaliser une dernière chose. Ainsi, Sylvie nous a demandé si elle pouvait se promener avec du monde autour. Nous avons donc emmené l’animal au centre commercial. Ce lieu est très fréquenté, mais la chienne s’est très bien comportée.
Malinois agressif, une histoire particulière
Ce qui me tient à cœur sur cet animal en particulier c’est que c’est l’histoire de tellement de gens, de tellement de chiens. C’est l’histoire de tellement de personnes qui veulent bien faire, mais qui vont mal faire puisqu’on leur raconte tout et n’importe quoi. Lorsque l’on a un chien de moindre intensité, on a toujours envie de croire que ce dernier est très difficile. Toutefois, il n’est pas difficile. Il faut avoir l’honnêteté de le dire à ses clients. C’est un vrai danger actuel. On aime faire de la rééducation. Tout le monde aime faire de la rééducation et non de l’éducation. Toutefois, penser comme ça, c’est dangereux.
En effet, si vous êtes très bons en éducation il n’y a plus besoin de rééduquer. Le chien va bien toute sa vie. J’aime la rééducation puisque c’est stimulant. Mais je préfère avoir des chiens éduqués qui n’ont pas besoin de venir en rééducation. Pour me stimuler, j’irai faire autre chose. Mais, si l’on ne fait aucune erreur en éducation, que l’on ne raconte pas n’importe quoi aux gens, il y aura moins de rééducation plus d’éducation. Le chien et le maître seront heureux et c’est le fondement de notre métier. Sylvie a été facile. C’était fluide puisqu’elle venait dans le bon état d’esprit.
Sylvie : ç’a été un grand privilège quand j’ai su que je pourrais venir. Il y avait 1 300 km à faire à l’aller et au retour, je ne les regrette pas. L’approche est excellente et je me sens complètement détendue, enrichie de plein de méthodes que je vais pouvoir appliquer. Je repars confiante avec cette certitude que je vais pouvoir faire plein de choses. J’ai les bons outils et je sais qu’elle est capable.
Il faut tirer un grand coup de chapeau à Sylvie puisque c’est très agréable d’avoir quelqu’un qui est déçu et qui a raison d’être déçu, mais qui vient avec une vraie fraîcheur d’esprit. Je n’ai pas eu besoin de deux jours pour la remettre dans le bon sens. Du jour où elle a garé sa voiture, j’ai l’impression qu’elle venait soulagée. Également pour le courage qu’elle a puisqu’elle vient toute seule avec son Malinois. Ce n’est pas facile d’embarquer sa chienne dans la voiture, de faire mille bornes et de bosser directement. Ça été une vraie belle rencontre pour moi, aussi bien la chienne que Sylvie.
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Bonus n° 2 en vidéo avec Le Malinois, tout savoir sur ce chien de berger