Maty à la base, elle vient pour des problèmes d’agressivité. Ce serait notamment un Malinois réactif envers l’humain. Elle a des problèmes de réactivité. Cette chienne aurait, apparemment, peur de tout. Ces peurs génèrent des moments un peu compliqués.
Maty, un Malinois réactif à l’humain
Anne : j’ai adopté mon animal il y a un peu plus d’un an. Celui-ci s’est rapidement montré réactif aux humains. Il a déjà mordu à peu près une dizaine de fois.
Anne me décrit forcément les choses qu’elle vit au quotidien. Toutefois, il n’y a aucun sens et aucun lien entre chaque événement. Ce manque de logique m’a rapidement fait douter du fait que je sois vraiment face à un Malinois réactif à l’humain.
Anne : j’ai rapidement pris contact avec un éducateur canin. Après quelques séances, je n’ai vu aucune progression spécifique. J’ai ensuite vu un second éducateur canin qui m’a proposé de travailler sur une journée non-stop. Pendant neuf heures, nous avons essayé sa méthode. Toutefois, cette méthode ne me convenait pas et m’a apporté plus de stress. Enfin, après un certain temps, j’ai contacté un dernier éducateur. Avec lui, l’agressivité a un peu diminué, mais pas de manière flagrante.
Plusieurs échecs qui apportent leur lot de complications
Lorsque Anne me dit qu’elle a vu plusieurs éducateurs pour son Malinois réactif à l’humain, je me dis que cela va être une difficulté supplémentaire. En effet, ils ont déjà essayé énormément de choses, mais si le timing d’apprentissage n’est pas bon, cela peut être très négatif pour la chienne. Il est possible d’appliquer les bonnes méthodes, mais le timing pour les mettre en application n’est souvent pas bon. Est-ce qu’ils ont fait les bonnes choses, mais pas au bon moment ? C’est l’une de mes principales préoccupations.
Anne : trois éducateurs pour une grosse dépense ! En effet, le tout cumulé, nous sommes à plus de 2 000 € de frais.
Quand des gens viennent et nous disent qu’ils ont perdu toutes leurs économies en éducateur, c’est beaucoup de colère. Aujourd’hui, il est bon de s’interroger s’il faut en vouloir à l’éducateur canin ou à celui qui l’a formé. En effet, est-ce qu’on peut leur en vouloir de ce qu’ils ont appris ? Il y a toujours ce sentiment de vouloir bien faire. De plus, il a beaucoup trop de disparités et de choses qui ne vont pas dans le monde de l’éducation. De mon côté, je n’ai pas la solution. Je ne peux pas concevoir qu’une personne s’occupe d’un chien et le détruise.
Malinois réactif à l’humain : une rencontre négative avec un éducateur
Anne : celui qui a le plus impacté, c’est le deuxième. Ce dernier est pourtant très visible sur les réseaux sociaux. Toutefois, sa méthode n’est pas la bonne manière de faire.
Il y a aussi la question de savoir de quelle façon ils se sont comportés avec la cliente. En effet, il faut l’approbation de cette dernière le plus vite possible pour se mettre au travail le plus vite possible. Néanmoins, quelqu’un qui a vu autant de personnes et qui a dépensé autant d’argent pour aller voir des professionnels peut se poser de nombreuses questions. En effet, est-ce que cette dernière est rentrée par curiosité ou est-ce qu’elle croit à la possibilité de rééduquer son chien, mais n’a pas la force de le faire ? De mon côté, ce qui m’inquiète le plus, c’est le deuxième éducateur canin qu’elle a vu.
Anne : j’étais dans un état psychologique différent. En effet, totalement désespérée, je me suis dit « pourquoi ne pas tenter autre chose ? ». L’éducateur parle de méthodes salutaires et il en a fait son atout et sa force. Toutefois, au bout de 20 minutes à nous observer, il s’est approché et il a mis en place sa méthode avec des bâtons pour énerver ma chienne.
Un mauvais éducateur qui profite d’une grande communauté
C’est un éducateur qui poste ces vidéos sur YouTube. Résultat, Anne nous envoie le lien pour que l’on puisse regarder. Ce que nous constatons alors n’a aucun sens. En effet, cet éducateur vient même à cracher sur le chien. C’est un geste totalement inutile. En effet, il n’y a pas de communication à travers la salive. Ni chez les chiens entre eux ni entre un humain et un chien. C’est seulement du spectacle. Mais ce qui m’inquiète le plus c’est ce qu’il se passe tout au long de l’apprentissage. Pour rappel, le chien n’a pas le droit de mordre. En effet, si ce dernier mord, il meurt. Toutefois, l’humain n’a pas tous les droits non plus. L’un des droits que nous n’avons pas, c’est celui d’être menaçant, offensif.
Ce comportement va contraindre le chien à faire une action qu’il n’a pas droit de faire. On ne peut pas aimer tout le monde, mais là, ce n’est pas le problème. Ce que l’on voit ici, ce que l’on constate, c’est que tout est fait dans le mauvais sens. C’est fait n’importe comment, il n’y a aucune désensibilisation et l’on est sûr de la provocation. À cause de cet éducateur, il est possible que je récupère une chienne ultra résistante et cela va être très compliqué.
Il est également possible que je récupère un animal massacré, brisé intellectuellement. Toutefois, je ne peux pas penser une seule seconde que lorsque quelqu’un voit son animal massacré comme cela a été le cas, la maîtresse ne puisse pas être traumatisée. C’est pour cela que nous avons accepté la venue d’Anne et Maty. Cette personne était presque condamnée. En effet, après avoir vécu cela, c’est très compliqué de repartir.
Un entourage non amical
Anne : j’ai également appris que le maire de la ville, qui n’apprécie pas particulièrement les animaux, souhaitait que je fasse euthanasier mon chien. C’est plutôt dur à vivre, et c’est d’autant plus dur lorsque le maire est le voisin d’en face.
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Elle a plusieurs zones de son village qui lui sont interdites et le maire de la commune est sur son dos. Dans ce cas de figure, on est un peu dans une impasse. Anne me donne également l’impression d’être au bout du rouleau. Toutefois, si elle fait la démarche de vouloir venir, peut-être qu’elle n’a pas totalement lâché l’affaire. Lorsqu’elle arrive, au vu du palmarès de la chienne, nous avons quelques appréhensions quant au comportement de l’animal. Toutefois, nous n’avons pas du tout le comportement que nous craignions.
Dans un premier temps, nous l’amenons sur un terrain et nous la laissons à un point fixe. Nous mettons à 3 ou 4 m de distance et nous laissons sa maîtresse avec elle. Nous commençons ensuite à faire des approches neutres qui ne sont pas provocantes pour la chienne. On peut alors voir comment se comporte Maty lorsque nous nous comportons normalement.
Au premier passage, l’animal fait quelque chose de très surprenant. En effet, nous arrivons sur la gauche d’Anne et l’animal se décale sur la droite de sa maîtresse. En passant de l’autre côté, le chien rebascule sur le côté gauche. Ce comportement est déterminant. L’autre comportement à changer, c’est celui d’Anne. En effet, celle-ci punit sa chienne lorsqu’elle fait cela. C’est très surprenant puisque la chienne a une attitude contraire à ce qu’on pourrait attendre.
Un Malinois réactif à l’humain qui ne montre aucune agressivité
En effet, ce Malinois réactif à l’humain ne veut pas partir au contact. Comme elle ne veut faire de mal à personne, elle adopte un comportement qui vise à s’écarter de ce qui la dérange. Ce n’est pas du tout une mauvaise réponse. En effet, la chienne se comporte correctement. Bien sûr, ici, il faut travailler sur la confiance du binôme. À la fin, la chienne doit faire confiance à son maître et ne plus bouger. Dans un premier temps, ce n’est pas une faute. En effet, elle cherche toutes les solutions possibles pour éviter de rentrer en conflit.
Face à ce comportement, Anne la punit. Ici, je m’interroge. Pourquoi sa maîtresse fait-elle ça ? Sa réponse : je fais ça parce qu’on me l’a dit. Les précédents éducateurs ont détruit tout ce qui se passait bien pour lui mettre en tête des choses mauvaises. La chienne est complètement perturbée. En effet, elle fait les choses parfaitement bien, mais on lui a dit que ce n’était pas bien. Elle fait donc parfois des choses très bien, mais, de façon aléatoire, elle fait également des choses qui ne sont pas bien.
Ces mauvais comportements, on ne peut quasiment pas les prévoir puisque l’humain l’a détruit psychologiquement. Le Malinois est réactif à l’humain dans la rue. Elle réagit également face aux vélos et aux joggers. La chienne est réactive, mais si elle fait tout ça, c’est surtout qu’il y a un manque au niveau sensoriel. Elle réagit également puisque personne n’a jamais expliqué à Anne comment un chien fonctionnait. Personne ne lui a jamais montré ou expliqué ce qu’elle faisait de mal.
Des difficultés compréhensibles face à un Malinois réactif à l’humain
Anne : si au début d’une balade Maty commençait déjà à partir dans tous les sens, tout le reste pour moi, c’était mort. Que ce soit une balade de 20 minutes ou de quatre heures, il suffisait d’un pépin et toute la sortie était anéantie.
Lorsque l’on est dans la difficulté dans laquelle Anne est au quotidien, à partir d’un moment, on a tendance à tout voir noir. Même si l’on a un Malinois qui n’est plus réactif à l’humain, à chaque fois que la chienne va faire une petite chose de travers, Anne ne va retenir que le négatif. C’est un travail énorme que nous avons fait sur les quelques jours que nous avons passés avec Anne et Maty. Toutefois, c’est une chienne qui avait besoin de confiance, de sérénité et de quelqu’un de fiable.
C’est une chienne qui est haute en intensité. Il faut être très précis avec elle pour lui indiquer ce qu’elle fait de mal. On lui pose évidemment de la technique pour lui montrer ce qui est bien et mauvais. Il va également falloir recommencer à valoriser toutes les actions de qualité qu’elle fait naturellement.
Anne : Tony avait des idées d’exercices en début de semaine. En lui montrant les vidéos, il a rapidement changé d’option et s’est adapté à ma chienne.
Mon travail est que le couple maître/chien se porte bien. Je ne suis pas là pour tricher avec la vérité. J’ai donc pris le chien, je l’ai emmené dehors et je l’ai confronté à toutes les situations qu’il n’avait jamais vues. C’est à ce moment-là que Anne a compris que rien n’allait dans le détail. Rien de ce qu’elle faisait n’était bon. Son positionnement était mauvais, les mots qu’elle employait étaient également peu adéquats. Ce sont des petits détails, mais sur une Malinoise de 15 kg, c’est suffisant pour paraître peu fiable.
Un gros travail également pour Anne
Anne : j’ai changé ma façon de l’aborder. Maintenant, en étant très précis j’ai su combler les lacunes que j’avais avec ma chienne. Je suis très sensible à ces petits détails puisque c’est quelque chose que j’applique dans mon métier d’éducatrice sportive. J’ai également des personnes en stress dans mon travail et j’essaie de le faire redescendre pour obtenir de meilleurs résultats.
C’est très difficile pour la personne qui sort de cette formation après une heure d’apprentissage intense. Toutefois, cette introspection est primordiale pour faire comprendre à la personne tout ce qu’elle fait de mal. À partir du moment où Anne sait ce qu’elle fait de mal, son aventure ne sera plus jamais la même. Chaque jour, elle va le vivre comme une victoire. C’est quelque chose d’extraordinaire.
Anne : le fait de savoir pourquoi mon Malinois qui était réactif à l’humain se comportait de cette manière, pourquoi elle adoptait telle ou telle attitude, c’est une grande libération. J’avais énormément de stress et de colère au moment des conflits alors que ma chienne ne savait pas comment se comporter dans le monde des humains. J’ai donc pu descendre en stress ce qui a permis au chien de perdre également du stress.
Si elle comprend le mode de fonctionnement, cela veut dire qu’elle peut le reproduire chez elle. Ce ne sera peut-être pas parfait, mais il va pouvoir se corriger et continuer à avancer avec sa chienne. Elle pourra ainsi mettre en sécurité son toutou ainsi que toutes les personnes qui gravitent autour d’eux. Anne va pouvoir recommencer à vivre normalement et prendre un peu de plaisir à voir un chien.
Une rééducation intelligente
Nous allons travailler avec Anne quelques jours. Une fois qu’elle a compris comment elle fonctionnait et comment sa chienne fonctionnait, nous allons commencer à mettre des points. Les points, c’est quoi ? Nous allons par exemple mettre la chienne à jouer avec un chien qu’elle ne connaît pas. Nous allons ensuite enlever la muselière et ajouter un autre chien. Une fois que cette étape est passée, nous allons ajouter des humains qui vont pouvoir jouer avec Maty. Ce que l’on souhaite ici, c’est de montrer à Anne que tout peut se passer parfaitement bien.
La chienne n’est pas parfaite, mais elle est très loin de ce que les autres éducateurs avaient relevé. Anne peut voir l’évolution de sa chienne et elle comprend qu’elle peut rapidement s’amuser avec Maty si elle continue sur cette voie. Nous emmenons la chienne en ville, sur les terrasses et dans toutes les situations possibles afin qu’elle découvre de nouveaux lieux. En effet, il est compliqué d’être tout le temps enfermé au même endroit. Il est donc important de montrer de nouvelles choses, des choses plus compliquées à l’animal.
Anne : à partir du troisième jour de vie commune, la confiance est partie en éclats.
La première chose à quoi je pense, c’est de demander à Anne si elle croit que ce qu’elle pense est la réalité. En effet, elle pense que sa chienne ne la regarde pas alors que celle-ci la regarde. Son chien ne trouve pas la réponse, toutefois elle jette tout le temps un regard vers Anne.
Anne : je suis maintenant bien mieux. Je prends du plaisir dans les balades. Il a suffi de pas grand-chose à part d’être précis pour y arriver. En effet, quand je la promenais en laisse, j’adoptais une mauvaise position qui ne mettait pas l’animal en confiance. C’est plus calme et je ne suis plus en train de me battre avec ma chienne.
Une fin heureuse pour Anne et Maty
Si je devais faire passer un message à Anne, ce serait de lui dire qu’elle n’a plus jamais le droit de douter d’elle-même.
Elle ne doit plus penser qu’elle n’est pas faite pour cette chienne et ne doit jamais baisser les bras. Elle n’a plus jamais le droit de ne pas s’amuser avec Maty. Je suis très content du travail qu’Anne a pu faire sur elle-même et sur sa chienne. Il faut leur dire merci à toutes les deux.
En effet, il faut être courageux avec un chien qui a des soucis. Au quotidien, il faut sortir et assumer le regard des gens. Il faut du courage et de la négation dans ce genre de situation. Un grand bravo a toutes les deux.