Comment améliorer le « pas bouger » de votre chien ?

Nous allons vous détailler un nouvel exercice pour améliorer le « pas bouger » de votre chien.

Pour le réaliser, vous pouvez prendre une bâche avec des mètres indiqués dessus ou bien, vous pouvez improviser avec des plots ou des cailloux, à disposer à 2, 4, 6, 8 et 10 mètres.

Avant de commencer cet exercice, assurez-vous que votre chien maîtrise déjà l’ordre « pas bouger ». S’il le maîtrise, c’est parfait. Sinon, notre formation en ligne Esprit Dog Family est là pour vous accompagner.

Détail de l’exercice

Le concept est le suivant : prenez la gamelle de votre chien ou son jouet préféré, selon ce qu’il préfère.

Placez votre chien au point de départ, à côté de la chaise.

Dites-lui « pas bouger » et emmenez la gamelle à 10 mètres. Vous la posez et vous retournez vous asseoir sur la chaise à côté de votre chien.

👉 Vous avez le droit de dire « pas bouger » à votre chien uniquement au moment où vous partez placer la gamelle. C’est la seule et unique fois.

Une fois que vous vous êtes assis à côté de votre chien, levez-vous sans rien dire et récupérez la gamelle, déplacez-la vers les 8 mètres, puis allez vous rasseoir.

Répétez le processus jusqu’au point de départ en retournant bien vous asseoir à chaque fois.

Petit détail : Pour faciliter l’exercice, lorsque vous revenez vous asseoir ne pivotez pas votre corps du côté de votre chien. Pivotez toujours vers l’extérieur en vous asseyant, ainsi vous tournez le dos à votre chien plutôt que de lui faire face au moment de vous asseoir. Cela empêchera votre chien de récupérer des petites indications qui pourraient le pousser à la faute chez vous sans même que cela soit volontaire de votre part.

Variante de l’exercice pour améliorer le « pas bouger » de votre chien

Placez la gamelle à 10 mètres, puis à 4 mètres, puis de nouveau à 10 puis à 6 puis à 8. Ainsi, le chien doit constamment s’adapter. Vous ne rapprochez plus la gamelle progressivement, vous mettez de l’aléatoire et c’est très intéressant pour votre chien.

L’objectif est de démontrer au chien qu’il ne peut pas anticiper l’avenir et de lui présenter des situations aléatoires. En réaction, le chien s’adapte ; il peut faire une erreur au début, mais ensuite il ajuste son comportement.

L’exercice avec Laïka

La pratique avec Laïka

Tony commence l’exercice avec Laïka, sa Rottweiler. Elle adore manger et jouer. Elle a beaucoup d’intérêt pour cela.

Il s’éloigne à 10 mètres, dépose la gamelle, revient près de sa chienne et s’assoit sur la chaise. Puis, il repart chercher la gamelle pour la rapprocher à 8 mètres, et ainsi de suite.

👉 L’idée de l’exercice est de briser les schémas de fonctionnement habituels.

En règle générale, on observe deux situations quand vous dites à votre chien de ne « pas bouger », et qu’il écoute :

  • soit vous posez sa gamelle, ou son jeu fétiche, loin de lui et tout d’un coup, vous le lancez dessus et lui donnez accès ;
  • soit vous allez chercher vous-même son jouet pour lui donner et jouer avec.

Les allers-retours sont rares, voire inexistants dans l’entraînement classique, ce qui est surprenant pour votre chien.

Deuxième difficulté : ne dire « pas bouger » à votre chien qu’une seule fois.

Le chien observe vos allers-retours, une situation inédite. C’est un véritable défi pour lui. Si votre chien faute, dites-lui « non », replacez-le, et recommencez l’exercice.

À partir de là, l’objectif est de pousser le chien à ne se fier qu’à votre voix et à ignorer totalement vos mouvements, vos intentions ou vos mimiques.

Une fois la gamelle à 6 mètres, puis à 4 mètres, puis à 2 mètres, vous pouvez débloquer votre chien et lui dire d’aller à la gamelle.

L’analyse du comportement de Laïka pendant l’exercice

Examinons maintenant la psychologie et entrons dans la tête de Laïka pour décoder ses réactions.

Lors du premier exercice, Laïka reste bien immobile. Sa queue ne bouge pas, elle reste assise. Laïka a un profil posé, un brin décontracté, qui ne se prend pas la tête. À 8 ans, elle affiche une gestion émotionnelle parfaite.

Même lorsqu’elle est très contente, elle ne s’emballe pas au point de perdre le fil.

Bien sûr, un chien stable peut remuer la queue.

Ici, elle est intéressée par ce qu’il se passe, elle ne serait pas contre aller manger ce qui se trouve dans la gamelle mais elle maintient un état émotionnel parfaitement cohérent.

Au bout d’une minute d’exercice, Laïka bouge. Elle n’est ni excitée ni agitée, simplement lassée de sa position. Elle veut marcher.

Laïka retourne à sa place, s’assit, puis se couche. Pourquoi ? Parce qu’elle sait qu’elle va devoir rester immobile, mais elle ignore combien de temps. Dans le doute, elle adopte la position la plus confortable pour attendre.

Ce n’est pas une faute. Si votre chien fait ça, ne le grondez pas parce que vous aviez demandé un « assis » avant le « pas bouger » car l’objectif est qu’il reste immobile et il se met simplement dans les meilleures conditions pour réussir.

Tout au long de l’exercice, Laïka regarde systématiquement Tony quand il s’assoit ; elle a saisit quelque chose d’essentiel.

Avec son niveau, elle comprend que le seul moment où Tony a parlé, c’est au début de l’exercice à cet endroit précis. Cela signifie que, quoi qu’il se passe, si un signal vocal doit être émis, ce sera quand il sera au niveau de la chaise.

👉 L’idée de cet exercice est aussi de donner au chien une vision aussi complète que possible des choses, de recueillir plusieurs informations avant de prendre des décisions.

L’objectif est que le chien se désintéresse de votre gestuelle et de votre comportement lors de cet exercice, sans minimiser leur importance au quotidien.

Plus le chien aura une perception large, plus il sera en mesure de prendre des décisions éclairées en analysant plusieurs éléments et il prendra l’habitude d’analyser ces différents éléments.

Mise en place de l’exercice avec Lucky

La pratique avec Lucky

Madjid fait l’exercice avec Lucky. Le chien ne bouge pas d’une patte durant tout l’exercice. Il est totalement désintéressé de sa gamelle. Il est donc nécessaire de trouver quelque chose qui le motive davantage : sa maîtresse, Lina, par exemple.

Madjid emmène Lina à 10 mètres, puis à 8 mètres, puis à 6 mètres, puis à 4 mètres. Lorsque Lina arrive à 4 mètres, Lucky part à la faute. On va vous décrypter pourquoi.

Vous pouvez également intensifier l’exercice en le pratiquant avec un autre chien en face. L’objectif est de cibler un point d’intérêt et d’encourager le chien à évoluer à l’intérieur de ce centre d’intérêt. Cela va l’aider à être stable face à différentes situations tout au long de sa vie.

L’analyse du comportement de Lucky pendant l’exercice

Lucky possède un profil beaucoup plus structuré et dispersé. Ses oreilles se redressent, sa queue bat parfois lentement, parfois rapidement. On sent une dispersion plus marquée, mais il se moque complètement du gâteau et de la gamelle. Son regard reste rivé sur son maître.

Quand vous observez ce comportement, arrêtez l’exercice immédiatement. Cela n’a aucune valeur ni intérêt pour le chien. Il fixe son maître.

Lorsque son maître revient vers la chaise, ses oreilles s’inclinent vers l’arrière, et la queue bat plus vite.

Il gère de moins en moins sa capacité émotionnelle à se contrôler, à surveiller ce qui se passe. Lucky attend d’être libéré. Il sait aussi que cela va sans doute arriver car il y est habitué, mais cela n’arrive pas.

Il doit donc apprendre à redescendre émotionnellement. Et, au final, il aura ce qu’il souhaite sans avoir eu besoin de monter en pression.

👉 Changement de point d’intérêt : Lina

Lucky est d’abord surpris. Il est beaucoup moins concentré sur son maître. Il observe ses deux maîtres. Ses oreilles bougent dans tous les sens et il gère de moins en moins ce qu’il exprime corporellement. Sa queue s’agite de plus en plus vite. Lucky est au bord de l’implosion. C’est ce moment de l’exercice qui est réellement utile pour sa vie quotidienne.

Ensuite, Lucky part à la faute. Dans ce cas, le « non » doit être énoncé au moment où il bouge.

Lucky s’écarte un peu et divague. Il était tellement content de ce qui se passait qu’il a vécu une chute émotionnelle soudaine, le poussant à se déplacer. Il chercherait presque une stratégie  pour rejoindre sa maîtresse.

Sur le plan intellectuel, il juge l’analyse, la compréhension et l’attente est un peu trop longues et compliquées. Il pensait devoir trouver une solution. Son maître le reprend au moment où il commet la faute et mais surtout l’exercice doit se terminer relativement vite car le chien est en train de fatiguer.

La différence entre les deux

D’un côté, il y a un chien très calme, immobile, qui sait gérer ses émotions. De l’autre, Lucky a le cœur qui s’accélère et l’ensemble de son corps s’agite.

Les deux profils de chien sont complètement différents.

👉 Pourtant, les deux étaient immobiles et ont commis une faute quasiment au même moment, mais pas pour les mêmes raisons.

L’intérêt de l’exercice est donc complètement différent d’un chien à l’autre.

En ce qui concerne Laïka, l’exercice n’a en vérité aucun intérêt, cela l’ennuie.

Lucky est un passionné de la vie. Il n’est focalisé ni sur les jouets ni sur la nourriture. Comme il n’est pas concentré sur un élément spécifique, l’exercice perd un peu de son attrait.

Alors que si vous avez un chien obsédé par quelque chose (balle, jouet, bâton, caresse, nourriture), l’exercice peut être très intéressant.

Lucky a besoin de progresser émotionnellement, mais c’est un exercice à adapter davantage à sa personnalité.

Pour Laïka, l’intérêt de l’exercice est évalué à 2/10 tandis que pour Lucky, un score de 5 ou 6/10 maximum.

👉 Cela dit, pour vos chiens, l’exercice peut facilement atteindre un score de 12/10.

Tous les chiens qui sont concentrés sur une chose peuvent être un public très réceptif pour cet exercice.

À retenir : même un excellent exercice peut plus ou moins convenir à un chien.

À la fin d’un exercice, vous devez être capable de vous dire soit : « C’était bien, mais peut-être pas adapté à mon chien pour le faire progresser. Peut-être que ça n’a pas un réel intérêt pour lui. » ; soit : « C’était génial pour mon chien, difficile aussi, mais il a très bien progressé. Il faut le faire plus souvent dans différentes situations ».

Voilà ce que vous devez retenir de tous les exercices avec votre chien.