À bien des égards, les chiens ne sont pas trop différents de nous autres humains. Prenons la peur, par exemple, nos compagnons canins la ressentent et l’expriment à leur manière.
Pour ne pas commettre d’impair, il est indispensable de voir clair dans les réactions du chien. Sinon, gare au faux diagnostic…
La peur : un sentiment qui ne surgit pas de nulle part
Si vous élevez un chien depuis sa prime enfance, vous pouvez constater son évolution au cours du temps.
Tout d’abord, il n’est pas rare qu’un chiot soit timide – et c’est là un premier élément à prendre en compte ! En effet, une erreur bien trop fréquente consiste à confondre peur et timidité chez le chien.
Car, l’avis d’Esprit Dog se veut plutôt tranché à ce sujet : il y a bien un distinguo à faire entre les deux termes.
La timidité est bien un trait de caractère que l’on peut trouver chez n’importe quel individu (humain ou canin). Celle-ci se manifeste par une certaine réserve (notamment vis-à-vis de ce qui est inconnu).
La peur, au contraire, se traduit par des réactions disproportionnées. Parmi elles, l’on trouve le plus souvent la fuite et, plus rarement, la violence.
Mais cette peur, d’où vient-elle, justement ?
Chez le chien, il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer le fait qu’il soit peureux.
La peur et l’hérédité
Tout d’abord, il y a tout ce qui est lié à l’hérédité.
Si deux parents sont manifestement peureux, il y a de nombreux risques que la majorité de la portée enfantée le soit à son tour.
De même, si seule la mère des chiots est peureuse, elle transmettra ce trait de caractère à certaines de ses progénitures.
Ce fait s’accentue d’ailleurs encore plus si une chienne se montre stressée durant sa grossesse. Dans un tel cas de figure, les chiots seront déjà conditionnés in utero pour se montrer peureux au cours de leur vie future.
Et pour cause, ils ressentent les différentes hormones dégagées par leur mère. Et ça, tout au long de sa grossesse et notamment le stress.
La peur liée au traumatisme du chien
Parmi les raisons qui peuvent rendre un chien peureux : il y a aussi les traumatismes.
Voici un exemple très simple qui pourrait pousser un chien timide à devenir peureux à cause d’un traumatisme et tout cela en partant d’une bonne intention de son maître :
Des invités arrivent chez vous. Voulant bien faire pour tenter de détendre un petit peu votre chien – qui vit assez mal l’arrivée de ces nouvelles personnes – vous incitez vos amis à le caresser ou à lui donner une friandise.
Votre chien est mal à l’aise, il a peur, il veut s’enfuir.
Mais vous et vos amis voulez montrer à votre chien qu’il ne craint rien. Donc on appelle gentiment le chien qui ne répond pas, puis petit à petit on tente de le tenir par le collier, on le force, on le retient le chien, le contraint etc…
Et soudain, une bonne intention s’est transformée en un viol aux yeux de votre chien.
Le terme est fort mais il représente très bien la violence de la scène pour le chien à cet instant-là.
Traumatisé par cette expérience, le chien pourra perdre confiance en son maître….
Il pourra même nourrir une certaine rancune qui pourrait le pousser à devenir violent (et, donc, encore moins sociable).
D’autres traumatismes peuvent également faire de votre chien un être plus défiant : cela peut aller :
- de situations stressantes (à priori banales, de notre point de vue humain) ;
- à des agressions caractérisées (en provenance d’humains ou d’autres animaux).
Comment reconnaître la peur chez le chien ?
Nous l’avons déjà précisé : chez le chien, la peur prend souvent la forme de la fuite.
C’est, à vrai dire, la réaction la plus intuitive face à ce qui est identifié (à tort ou à raison) comme un danger, par l’animal.
Mais ce n’est pas la seule manière de réagir qu’adoptent les chiens.
Il se peut, par exemple, qu’un chien apeuré manifeste sa peur par des halètements. Dans une telle situation, une salivation excessive, des tremblements, et même des « mictions émotionnelles » (des pipis de peur) peuvent survenir.
D’autres chiens peuvent également essayer de creuser un trou ou de se réfugier sous un abri (ce qui se rapproche un peu de la fuite).
Mais la réaction la plus spectaculaire (et, certainement, la plus dangereuse) est celle de la violence.
Mis dans une situation très inconfortable, un chien peut effectivement adopter une posture de vigilance (queue basse, oreilles orientées vers l’arrière), gémir, aboyer très fort et, si cela ne suffit pas à mettre fin à la situation qu’il juge menaçante, mordre !
Comment réagir pour calmer la peur chez le chien ?
La présence d’inconnus, beaucoup d’agitation, ou encore du bruit soudain : toutes les choses qui peuvent effrayer un chien peuvent prendre des formes diverses.
Dans le cas d’un orage qui éclate, par exemple, un chien peut détaler et se cacher sous une table. Cela peut sembler contre-intuitif… mais il ne faut surtout pas s’attarder aux côtés de l’animal pour essayer de le consoler.
En effet, celui-ci pourrait très mal interpréter votre changement d’attitude, et donc considérer que si vous avez jugé nécessaire de venir le consoler, c’est qu’il y a véritablement quelque chose de très menaçant à l’extérieur et qu’il a bien fait de se cacher.
L’avis d’Esprit Dog est clair : il vaut mieux, à la place, rester neutre et continuer de vivre normalement en vaquant à ses occupations. En ne modifiant pas votre attitude, vous montrez à votre chien que vous n’êtes pas inquiet de la situation et, donc, que lui non plus n’a pas à l’être.
Si vous le souhaitez malgré tout, vous pouvez vous amusez de votre côté, rire, danser… Plus vous allez être heureux, plus vous allez dégager des ondes positives qui seront bénéfiques pour le chien. En conséquence, il pourra de nouveau se sentir à l’aise.
Mais n’oubliez tout de même pas que la neutralité reste ce qui conviendra le mieux à votre chien.
Vous pouvez aussi désensibiliser votre chien en amont en diffusant des bruits en lien avec ce qui pourrait l’effrayer (le tonnerre, par exemple, via un audio/vidéo) tout en s’amusant avec lui – comme si de rien n’était.
Dans le même esprit, sortir un chien de la peur passe par une exposition progressive à d’autres situations anxiogènes (la foule, par exemple).
On laisse au chien le temps d’observer, de s’habituer, sans forcer le contact avec qui que ce soit, sans forcer ni caresses ni friandises…
Votre compagnon saura vous rendre votre bienveillance en finissant par vous suivre là où vous vous rendez.
Une relation de confiance qui cimentera un peu plus la complicité qui lie deux âmes distinctes – sans que la peur ne puisse les séparer.
