04/12/2022
Comment peut-on rendre meilleur les éducateurs canins ? Est-ce peine perdue ? Y a-t-il un souci avec les formations ? Dans ce Bande de chiens, Tony et Romaric parlent des éducateurs canins...
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Le monde du chien est l’un des rares environnements dans lequel vous pouvez croiser dix personnes… qui vous donneront chacune un avis différent !
A priori, cette pluralité d’opinion peut tout à fait sembler enrichissante.
Dans les faits, celle-ci désoriente tout de même beaucoup les personnes qui sont en quête d’une aide efficace pour éduquer leur chien.
C’est la raison pour laquelle il faut garder l’envie de faire progresser le monde des éducateurs canins – pour le bien des maîtres, comme pour celui des chiens.
S’il vous semble compliqué d’obtenir des informations précises à propos de votre chien, c’est qu’il y a de « bonnes » raisons à cela.
Tout d’abord, nos amis canins sont des êtres vivants qui ne parlent pas notre langue… ce qui laisse une sacrée marge pour les interprétations humaines !
À cela, s’ajoutent :
On obtient donc, rapidement, une véritable cacophonie d’avis (souvent) contradictoires !
Pour ne rien arranger, aujourd’hui encore, il reste (beaucoup trop) facile de devenir un éducateur canin.
Le métier est non seulement très accessible, mais il manque – en plus – de contrôles assurés par un organisme supérieur qui aiderait à mettre de l’ordre dans cette situation.
Or, le chien n’est pas un individu avec lequel on peut vraiment improviser…
Même les études scientifiques ne sont pas forcément d’une grande aide, quand il s’agit d’interagir avec nos compagnons.
Et pour cause : il ne faut surtout pas oublier la dimension vivante qui entoure forcément un animal avant tout mû par son instinct.
Pour aider les novices à y voir un peu plus clair, certains spécialistes (ou présentés comme tels) font leur propre réclame.
Les termes qu’ils emploient peuvent parfois laisser un peu songeur…
« Comportementaliste », « éducateur canin » (anciennement, l’on parlait même de « dresseur de chien ») : ces intitulés peuvent nous perdre.
Quelle est vraiment la différence entre un comportementaliste et un éducateur canin, au juste ?
Certains professionnels vous répondront que les deux métiers se complètent : un comportementaliste est censé analyser le comportement d’un chien, avant de confier l’animal à un éducateur qui travaillera spécifiquement avec lui (en s’appuyant sur le diagnostic de son confrère).
Selon l’avis d’Esprit Dog, toutes ces distinctions sont avant tout du marketing.
En effet, il n’est pas vraiment utile de séparer ces deux approches pour bien éduquer un chien.
Idéalement, il ne devrait donc n’y avoir qu’un seul titre pour désigner tous les éducateurs canins.
Tout professionnel chevronné devrait être capable d’analyser, puis de travailler avec le chien qui lui est confié.
Dans le cas contraire, il n’est tout simplement pas apte à conseiller des particuliers.
Vous l’avez compris, devenir un bon éducateur canin ne s’improvise pas.
Vient donc le moment d’aborder la question épineuse de la formation…
Ou plutôt des formations : à ce jour, il en existe effectivement plusieurs.
L’ACACED, tout d’abord, est certainement l’attestation la plus connue.
Acronyme d’Attestation de Connaissances pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques, celle-ci a remplacé (depuis 2016) le certificat de capacité qui était fourni par la préfecture locale de l’éducateur.
L’ACACED certifie que son détenteur possède « les connaissances exigées pour l’exercice de certaines professions en lien avec les animaux ».
Pour l’obtenir, il faut logiquement suivre une formation.
Et c’est là que le bât blesse… cette dernière ne dure que deux petits jours !
Il est évident qu’il s’agit d’une durée beaucoup trop courte pour apprendre à interagir avec un chien. De plus, l’ACACED est une formation uniquement théorique et dépourvue de pratique avec de vrais chiens.
Pour être vraiment fiable, l’ACACED devrait plutôt être délivrée à la fin d’une formation élitiste et exigeante qui permettrait de réellement former les candidats.
C’est l’avis d’Esprit Dog.
Une remarque similaire pourrait être faite à l’égard du BP (Brevet Professionnel) canin.
Ce diplôme conclut 9 mois de formation (depuis l’arrêté du 3 mars 2005).
Selon l’Onisep, un professionnel détenteur du BP canin « peut exercer d’autres activités, comme l’élevage ou la pension pour chiens ».
Son diplôme le dispense également « de l’obtention de l’Attestation de Connaissance relative à l’Exercice d’Activités liées aux Animaux de Compagnie pour la catégorie « chien » ».
À ce jour, il existe 9 unités nationales et 3 unités spécifiques du Brevet Professionnel canin.
Le BP, toutefois, reste encore contesté en raison de son manque d’harmonie.
Or, harmoniser les formations canines devrait précisément être le principal souci des organismes qui se chargent de réglementer le monde du chien.
C’est en adoptant cette démarche que des professionnels compétents pourront vraiment voir le jour.
Après tous ces constats, on pourrait penser que notre critique du monde du chien est très facile.
Pourtant, elle est nettement justifiée.
Beaucoup trop de professionnels auto-proclamés produisent des dégâts considérables auprès de leurs clients.
Combien de chiens sont-ils négligés ou mal éduqués, à cause de méthodes extrêmes – mais présentées comme fiables ?
Les particuliers font confiance aux pros – c’est bien normal – et leur regard se porte avant tout sur les titres que ces derniers présentent sur leur CV. Là encore, cela peut sembler logique.
Sachant cela, l’État devrait concevoir des formations exigeantes et parfaitement encadrées.
Il pourrait également harmoniser les titres, et rendre le monde du chien le plus lisible possible.
Les médecins ont bien des plaques censées certifier leurs diplômes. Quelque chose d’analogue pourrait également exister pour les éducateurs canins.
On pourrait également imaginer une reconnaissance des diplômes en question, à un niveau européen. Mais là, pour le dire très clairement, cela relève encore (à ce jour, tout du moins) de l’utopie…
Du point de vue la formation stricto sensu, un « nettoyage » préalable pourrait arranger tout le monde.
Commençons par mettre de côté les méthodes d’éducation extrêmes (qu’elles soient violentes ou purement inefficaces) et essayons de paver la voie vers des techniques éprouvées et raisonnables.
En faisant cela, l’on donnerait beaucoup plus de crédit aux éducateurs canins compétents.
Il s’agit avant tout d’un métier et non d’un simple hobby.
C’est l’avis d’Esprit Dog.
Pour conclure sur une petite note optimiste, on peut dire que l’idéal pour tout le monde serait sans doute que chacun puisse – un jour – devenir l’éducateur de son propre chien.
Pour parvenir à cela, il faudra évidemment tirer tous dans le même sens – en se montrant empathique, à l’écoute et pédagogue.
Mais le bien-être des chiens en vaut bien la peine.
Un éducateur canin performant doit pouvoir traiter tous les cas de figure. Cela englobe donc les chiens de tout âge et de toutes les races.
De même, l’on ne peut pas séparer l’éducation canine de l’analyse comportementaliste.
Comprendre et éduquer un chien, cela passe forcément par une démarche qui mêle forcément la théorie et la pratique au contact de l’animal.
Plutôt que de donner le nom d’une formation en particulier, nous pouvons citer les ingrédients d’un apprentissage réussi.
Celui-ci ne peut en aucun cas être expéditif (exit, donc, les « formations express » qui durent quelques jours). Il doit également comporter beaucoup de modules au contact du chien, puisque c’est de cette manière qu’on apprend les subtilités de la psychologie canine.
Enfin, le cursus doit être suffisamment exigeant.
Les éducateurs canins sont des professionnels comme les autres. Vous n’accepteriez sans doute pas qu’un praticien de santé n’ait été formé que durant une poignée de jours et sans grande exigence !