L'immersion, c'est quoi ?

L’immersion est une technique d’éducation et de rééducation pour les chiens, elle est très controversée.

Mais, qu’en est-il réellement ?

L’immersion pour les chiens : définition

« L’immersion est une technique qui vise à inonder le chien craintif avec des informations sources de ses peurs, pour qu’il s’y soumette rapidement, en raison de la quantité des déclencheurs qui s’imposent à lui. »

Voici la définition que l’on trouve généralement sur Internet.

Il s’agit donc de plonger l’animal au cœur des stimuli qui provoquent sa crainte dans l’espoir qu’il s’y habitue rapidement, face à l’abondance des éléments déclencheurs présents.

Un exemple fréquemment cité est :

Un chien effrayé par la présence de personnes pourrait être attaché avec sa laisse au centre d’un lieu bondé, tel qu’un supermarché, un marché ou un parking.

Considérant ce style d’exemple, l’opinion générale désapprouve la pratique, jugeant qu’elle exclut les émotions du chien.

Cet exemple est extrême.

Quelle est la vérité sur l’immersion canine ?

Faut-il l’écarter en raison des risques de détresse émotionnelle ?

Ou est-ce une méthode de remédiation valable pour résoudre les difficultés comportementales des chiens et faciliter le quotidien de leurs maîtres ?

L’immersion canine : entre nécessité pour le maître et ressenti du chien

Réduire l’immersion à une méthode brutale, comme attacher un chien au milieu d’un parking, est caricatural et excessif.

Toutefois, en milieu urbain par exemple, comment éviter de soumettre un chien craintif à une immersion aux humains, aux autres chiens ou aux bruits de la ville ?

Dans un tel cas, on peut opter pour une mise en situation graduelle mais sans immersion.

Que fait-on alors lorsqu’il est temps pour le chien de sortir pour ses besoins naturels ?

L’extérieur de la maison ou de l’appartement est justement la source de la peur.

Bien entendu, il est impossible de contrôler les actions d’autrui.

En ville, éviter totalement les situations anxiogènes s’avère impossible.

L’immersion devient donc inéluctable.

Chez Esprit Dog, nous prônons une socialisation du chiot dès son plus jeune âge afin qu’il ne développe pas ce genre de troubles.

Cependant, si ces troubles viennent à apparaître, il semble difficile d’éviter complètement ce qui effraie l’animal.

Immersion dans la tête du chien qui a peur : comprendre avant de solutionner

Que pense un chien qui a peur ou qui est agressif ?

Est-il effrayé par ses congénères ?

Considère-t-il les humains comme des menaces voire des prédateurs ?

A-t-il connu une expérience antérieure malheureuse ?

Fondamentalement, ce n’est pas la présence humaine qui dérange le chien, mais plutôt le trouble sensoriel qu’elle provoque.

Le chien est alors submergé émotionnellement et perd la maîtrise de lui-même, d’où ses réactions de grognements ou de morsures.

Pour vraiment comprendre et observer ce qui se passe, il est nécessaire de placer l’animal dans une situation réelle en assurant la sécurité :

• du chien,
• de son maître,
• et des autres acteurs impliqués.

Gestion de la laisse, réactions émotionnelles, respiration, problèmes de rythme de marche, etc…

Tout est à analyser.

Détresse acquise et impuissance apprise : 2 notions à éviter pour une immersion gagnante

L’immersion pour les chiens est souvent décriée car elle est assimilée à deux notions qui se complètent :

• la détresse acquise,
• et l’impuissance apprise.

De quoi parle-t-on ?

Explications.

La détresse acquise

La détresse acquise décrit la condition d’un chien qui, bien que submergé par la peur, ne montre plus de signes extérieurs de cette peur.

Le chien est si terrifié qu’il est persuadé qu’il n’existe aucune échappatoire et que sa fin est proche.

Il abandonne alors toute lutte.

Mettre le chien dans cet état émotionnel extrême est une approche très controversée, à juste titre.

L’impuissance apprise

L’impuissance apprise est un concept qui rejoint cette première notion.

Le chien est rendu complètement impuissant dans une situation donnée, apprenant ainsi à se fermer, à ne plus réagir lorsque la situation arrive.

La peur intense de l’événement à venir paralyse le chien.

Le chien est conditionné à se sentir totalement désemparé face à une telle situation.

Il est détruit émotionnellement par l’expérience.

C’est notamment lorsque l’immersion est mal conduite.

Guidage canin : l’expert pour une immersion bien menée

Considérons un chien qui craint les humains.

Cette peur provient généralement d’un manque d’interactions sociales ou de mauvaises expériences antérieures.

En tant que comportementaliste ou éducateur canin, il est impératif de gagner la confiance du chien en le guidant : nous le menons à apprivoiser ce qui lui pose un problème et le submerge.

Le processus d’accompagnement peut être rapide, étant donné l’urgence des besoins du chien et du propriétaire.

La plupart des peurs sont liées à une méconnaissance de son environnement de la part du chien.

Le but du guidage est de lui apporter cette culture manquante.

Petit à petit, pas après pas, victoire après victoire, en suivant un principe d’immersion.

Ce guidage doit s’effectuer dans un contexte d’apprentissage, en comprenant le chien et en lui offrant des solutions qui atténuent sa peur.

Le respect de ses seuils de tolérance et de rupture est primordial, tout comme celui des particularités inhérentes à sa race, etc.

Cette méthode doit être mise en œuvre par un expert qui doit :

• devenir une figure de confiance pour le chien,
• être capable de le rassurer et de l’aider à surmonter ses peurs.

Immersion : pourquoi cette mauvaise réputation ?

L’immersion canine est souvent perçue négativement, mais pourquoi ?

Pourquoi certains pensent-ils que c’est contraire à l’éthique ou irrespectueux envers le chien ?

La réalité semble pourtant prouver le contraire.

Pour la preuve en images, allez voir les Panic Dog sur la chaine YouTube : Koda, Shoon, Romy et tous les autres démontrent notre vision et l’efficacité éthique du guidage en immersion.

Tous les exemples de pratiques d’immersion ne sont malheureusement pas tous comme ceux que nous effectuons.

Certains sont fort critiquables et marquent les esprits.

Cependant, la mauvaise réputation de l’immersion ne provient pas uniquement de ces cas de mauvaise immersion.

Mais de quoi alors ?

Actuellement, l’éducation canine est influencée par une tendance préoccupante voire dangereuse : une fausse bienveillance qui promeut une ultra-positivité, selon laquelle il faut toujours progresser au rythme émotionnel du chien.

C’est une approche valable, certes, mais elle doit être appliquée avec discernement.

Cette tendance de l’éducation ultra-positive prône un respect absolu des désirs du chien. Ce qui est parfois excessif.

Reprenons l’exemple du chien qui craint l’humain.

L’idée des ultra-positifs serait de commencer à se placer avec l’animal à une distance où la peur n’existe pas, puis de réduire progressivement cette distance, mètre par mètre, en suivant le rythme d’acceptation du chien, jour après jour, semaine après semaine, voire mois après mois !

Mais, encore faut-il que le quotidien du maître le lui permettre d’attendre si longtemps pour un résultat non garanti !

Déconstruisons le dogme de l’immersion : les bienfaits de la méthode

Face aux défis rencontrés par nos clients et leurs chiens, l’objectif est de trouver une solution efficace et rapide qui respecte à la fois le client, le chien et l’environnement.

Il s’agit de montrer le meilleur chemin, celui qui apportera un bénéfice réel aux chiens.

L’immersion doit être pratiquée avec intelligence, bon sens et en toute sécurité pour tous.

Le chien modifie alors son comportement au fur et à mesure.

Il devient familié avec son environnement, modifié et sécurisé par l’éducateur qui le guide notamment.

Le chien n’éprouve plus de peur panique.

Ses comportements s’améliorent.

Procéder ainsi favorise l’habituation (encore appelée conditionnement ou rationalisation).

Toutefois, même en prenant conscience de cette dimension éthique de l’immersion, certains restent persuadés du dogme comme quoi l’immersion est mauvaise.

Tel est là tout le pouvoir négatif d’un dogme quel qu’il soit.

Soyons honnêtes… Tout éducateur canin expérimenté souhaiterait que le chien n’ait jamais à ressentir une peur envahissante et qu’il n’y ait pas lieu de procéder à une immersion !

Dans les faits, la réalité est autre.