L'intelligence chez le chien

L'intelligence chez le chien

Dans cet épisode, Tony et Romaric abordent le sujet de l’intelligence chez le chien.
Comment savoir si votre chien est intelligent ?
Est-ce que votre chien peut manquer d’intelligence ?
Quel est le chien le plus intelligent ?
Y a-t-il des chiens plus « bêtes » que d’autres ?
Tony répond à ces questions et vous explique son approche.

Abordons le sujet de l’intelligence chez le chien. Mon chien est-il intelligent ? Comment le savoir ? Existe-t-il des races dotées d’une intelligence supérieure à d’autres ? Le Border Collie est-il réellement le chien le plus intelligent du monde ?

Comment définir l’intelligence chez le chien ?

L’humain associe souvent l’intelligence à la capacité de dressage et d’obéissance.

Ainsi, un chien qui obéit rapidement aux commandes de base – assis, debout, couché – est perçu comme un chien intelligent.

Mais ce n’est pas nécessairement le cas. Il s’agit simplement d’un chien qui excelle dans cette discipline.

Être intelligent chez le chien, c’est quoi ?  Nous pouvons définir l’intelligence canine ainsi : Un chien intelligent est capable de s’adapter à son environnement et de le modifier si nécessaire.

Dans cette perspective, le Border Collie, considéré régulièrement comme le plus intelligent au monde, n’est pas le meilleur puisque certains individus présentent des troubles comportementaux, ce qui suggère qu’ils ne possèdent pas la faculté de s’adapter naturellement à tous les milieux au-delà de leur patrimoine génétique

L’obéissance est fréquemment prise en compte comme indice d’intelligence, faisant fi à toutes les autres capacités canines.

Comprendre l’intelligence canine : compétences spécifiques et obéissance

Que dire des fiches comme le « TOP 20 des races de chiens les plus intelligentes » ?

En réalité, ce concept est plutôt réducteur puisqu’il ne se base que sur l’obéissance du chien :

  • Combien de temps lui faut-il pour obéir ?
  • Combien de temps pour apprendre ?

Cependant, une chose est sûre : l’intelligence chez les chiens ne se résume pas à l’obéissance !

Ainsi, tous les chiens possèdent une forme d’intelligence, c’est un fait ! Celle-ci est distribuée différemment selon les capacités et les aptitudes de chacun des chiens selon leur histoire depuis leur naissance.

L’intelligence chez le chien est spécifique à chaque domaine de compétence. Chaque chien sera reconnu pour exceller dans un domaine particulier.

Par conséquent, il n’est pas tout à fait juste de parler d’intelligence en termes généraux pour les chiens.

Il est plus approprié de discuter de la capacité des chiens à l’obéissance.

Par exemple, il existe des chiens qui semblent indifférents à l’obéissance.

Pour eux, la récompense n’a pas d’importance ou l’intérêt à obéir peu motivant. Ils n’en sont pas pour autant des chiens idiots !

À l’inverse, certains chiens sont nettement plus performants en obéissance : ils apprennent très facilement ce que nous leur demandons. Mais, cela ne les rend pas nécessairement plus intelligents.

Prenons le cas des Rottweilers : ils sont extrêmement intelligents dans leur perception et leur gestion des conflits.

Cependant, lorsqu’il s’agit de chasse ou même de simples promenades, ils peuvent sembler moins astucieux, se laissant facilement duper par les stratégies des autres animaux.

Sont-ils pour autant moins intelligents ? Ils ne sont pas moins intelligents qu’un chien de chasse : ils sont simplement moins adaptés à cette activité, tout comme un chien de chasse pourrait l’être dans la résolution de conflits par exemple.

Les chiens sont-ils inégaux face à l’intelligence ?

Existe-t-il des chiens plus stupides, plus bêtes que d’autres ?

La question est plutôt de savoir si nous parlons de stupidité d’un point de vue génétique, d’aptitudes ou du comportement.

Comme un animal sauvage qui n’a pas appris à chasser, un chien sans apprentissage peut sembler stupide.

Mais en réalité, il possède un instinct qui le guide au début. Puis, c’est l’apprentissage au cours de la vie qui affine ses décisions.

Certains chiens dits « bêtes » n’ont en fait jamais eu l’occasion d’apprendre. C’est ce qui peut les rendre perdus quand ils font face à certaines situations.

Les chiens, tels que le Carlin et le Yorkshire, ont des capacités d’adaptation différentes :

  • le Carlin, par exemple, se sent confortable en milieu urbain mais peut se sentir perdu en forêt ;
  • quant au Yorkshire, il montre des traits de terrier plus prononcés – un aboiement fréquent – ce qui peut rendre son adaptation parfois plus difficile dans certains milieux notamment urbains.

Plutôt que de juger et jauger l’intelligence canine vis-à-vis de leurs comportements, il serait plus pertinent :

  • de se concentrer sur leur capacité d’adaptation et d’intégration,
  • et de raisonner en termes d’intelligence adaptative.

Préserver ou faire évoluer l’intelligence des races à l’épreuve du temps

Notre objectif est-il de maintenir les caractéristiques spécifiques d’une race à partir desquels on définit ce concept d’intelligence chez les chiens ?

Il est essentiel de conserver les attributs d’une race canine. C’est une question de fidélité à l’essence même de la race.

Néanmoins, il arrive que leurs caractéristiques ne correspondent plus à notre monde actuel, un monde en constante évolution.

Les villes grandissent et la population canine avec, menant à certains lieux surpeuplés. Devons-nous persister à les préserver ou les faire évoluer pour que les chiens puissent s’intégrer plus naturellement à leurs nouveaux environnements ?

Prenons l’exemple du Cane Corso.

Une grande partie de ces chiens affichent une sensibilité qui peut mener :

  • vers la crainte ;
  • ou parfois à l’agressivité.

Face à une population importante de Cane Corsos timides, les éleveurs doivent-ils envisager une réduction des naissances pour améliorer la qualité et la spécificité de la race ?

Un autre exemple : concernant le Malinois connu pour son tempérament vif, un tempérament plus modéré pourrait lui être bénéfique pour mieux s’adapter au monde qui l’entoure. Faut-il faire évoluer la race selon ce critère d’intelligence ?

Ces deux exemples illustrent des problématiques actuelles sans réponses définitives. Néanmoins, elles méritent d’être discutées par toutes les parties prenantes (éleveurs, éducateurs, etc.).

Les éleveurs et les organisations officielles devraient se pencher sur ces questions touchant la pérennité des races canines et prendre des décisions pragmatiques.

Il est temps de réfléchir davantage au bien-être des chiens pour leur garantir la meilleure vie possible dans leur environnement.

Choisir un chien en conscience au-delà du critère d’intelligence

Beaucoup de personnes choisissent leur chien en se basant sur ces prétendus classements des races les plus intelligentes.

Lorsqu’on consulte les sites de certains éleveurs, on constate une tendance à ne pas aller au-delà des clichés, se contentant de vanter l’intelligence du chien.

C’est regrettable !  Cela induit les futurs propriétaires en erreur !

Les informer des différentes aptitudes de chaque race est fondamental !

Choisir un chien est une décision à prendre en conscience, en fonction des besoins de chacun.

Par exemple, si l’obéissance est très importante pour vous, votre quotidien sera plus facile avec un Border Collie pour la transmission d’ordres, comparé à un Dogue de Bordeaux.

Cela ne signifie pas que le Border Collie est plus intelligent, juste qu’il obéit facilement.

Tous les chiens peuvent répondre à vos attentes en matière d’obéissance, bien que les méthodes puissent varier. Mais, fondamentalement, ils sont tous capables de s’adapter, avec plus ou moins de facilité côté maître et côté animal.

Opter pour un Kangal ne vous offrira pas la même expérience qu’avec un Malinois, et on ne parle pas d’intelligence !

Il est essentiel de comprendre que chaque race a sa propre vision du monde et son propre style de vie. Vous recherchez un Malinois énergique ? Ils le sont naturellement. Pourquoi insister pour trouver le plus hyperactif puisqu’ils possèdent tous cette capacité ?

Le choix d’une race et d’un chien spécifiquement doit se baser sur un échange détaillé et informatif avec l’éleveur qui connaît les domaines d’intelligence du chien proposé.

Le chien têtu : une question d’intelligence canine ou d’éducation ?

Il y a souvent un comportement qui vient avec l’intelligence : c’est le côté têtu de certains chiens.

Toutefois, ce trait n’est pas nécessairement lié à l’intelligence. L’étiquette de « chien têtu » est fréquemment utilisée par les propriétaires pour décrire leur chien, indépendamment de la race.

Un chien devient têtu lorsqu’il trouve des alternatives à l’obéissance, souvent parce que les instructions du maître ne sont pas assez motivantes voire pas claires.

Certaines races canines – notamment du Kangal, du Dogue de Bordeaux, du Bouvier aussi – peuvent sembler plus têtues en raison de leur personnalité, mais il est essentiel de reconnaître que la ténacité peut être un signe d’indépendance.

Ainsi, plutôt que de catégoriser un chien comme têtu, il serait plus constructif de revoir les méthodes d’éducation du chien et son interaction avec l’animal, le tout pour mieux correspondre aux besoins et à la personnalité du chien.

Sur Internet, il est inacceptable de lire qu’il est normal pour un chien de poursuivre et mordre les enfants parce qu’il est têtu. C’est non seulement interdit par le Code civil, mais aussi inadmissible dans notre société !

Être têtu n’est pas une excuse ni un signe jugeant l’intelligence du chien, il faut trouver une solution :

Pour conclure, que répondre à la question : mon chien est-il intelligent ? Oui assurément.

L’intelligence chez le chien ne dépend pas de la race, mais plutôt de l’environnement, des activités et des expériences vécues par le chien.

Toutes les races ont le potentiel d’être intelligentes dans le contexte qui leur est propre.

La forme d’intelligence la plus essentielle demeure la capacité à s’adapter à son environnement. Les chiens sont le résultat de leur environnement et de ce que les propriétaires leur apprennent.