Staff réactive face à un congénère

La chienne Mali est là pour une petite réactivité. À la base, elle est un petit peu réactive, à priori, seulement en laisse d’après Antoine, son maître. Très vite, au cours de l’entretien avec Antoine, on se rend compte qu’on a à faire à une Staff qui est au minimum réactive.

L’histoire d’Antoine, maître d’une Staff réactive

Antoine : J’ai trouvé Mali il y a un an et demi. Avec mon ex copine, on s’est finalement retrouvés à l’adopter.

On ne savait pas qu’elle avait eu un passé compliqué de combat…

Mali était très réactive donc il y a eu plusieurs fois où elle a eu des morsures avec d’autres chiens.

L’attaque d’une Staff réactive

Tony : Antoine décrit la première attaque de Mali, sur un congénère. Il dit que quand elle y va, elle y va et elle le prend à la gorge de suite. C’est une chienne qui a vécu dehors. Mali a dû apprendre à se débrouiller. Et elle a sans doute dû trouver son alimentation par elle-même. Maintenant, c’est l’heure de travailler avec elle. On a besoin de voir par nous-même.

Antoine : Je voulais avoir une analyse, savoir pourquoi elle était comme ça, ce qu’on pouvait faire de mieux pour elle.

Analyse du comportement d’une Staff trop réactive

Pour Tony, il faut sortir les chiens en statue, des chiens en résine de taille réelle pour savoir ce qu’elle fait, comment elle le fait. Et ce qu’elle a conservé de ses anciens combats et surtout ce qu’il se passe dans sa tête quand elle a l’impression de voir un chien.

On ne veut pas brider le chien : on veut voir jusqu’où ça va aller, ce qu’il va se passer. On va dire à Antoine d’y aller, de laisser du mou pour que la chienne puisse s’exprimer.

Et là, on voit quelque chose de très marquant, très stable, très calme.

Elle communique très peu et elle passe tranquillement. Antoine doit se trouver à 1m-1,5m des chiens, et il ne faut pas se tromper. Il ne faut pas se dire qu’il n’y a rien car la chienne est extrêmement intelligente dans sa manière de fonctionner.

Sur le berger allemand, elle est plus proche : au moment où la chienne voit l’ouverture, elle va l’attaquer dans le cou alors qu’elle aurait pu prendre n’importe où.

On est sur une confirmation des propos d’Antoine car elle ne tape pas n’importe où mais on a à faire à une chienne qui n’est pas du tout désordonnée mais plutôt méticuleuse, carrée, ordonnée.

La plupart du temps, quand un chien est réactif à un autre chien, il y a souvent une sensation de peur chez le chien. Pas tout le temps mais régulièrement. Ici, pas du tout.

Mali, un Staff qui gère ses émotions

Ses émotions sont parfaitement gérées et comme c’est moins spectaculaire qu’un chien qui disjoncte, tu peux vite avoir l’impression que ce n’est pas grand-chose dans ce cas-là.

Alors comment réussir à montrer à Antoine qui est vraiment sa chienne et à trouver des solutions pour l’aider ? Il ne va pas falloir se tromper car, en plus, il a vu d’autres éducateurs.

Antoine : Une première éducatrice n’a pas pu régler le problème et elle n’était pas à l’aise avec Mali. Un deuxième qu’on a vu nous a fourni un collier électrique mais ça ne nous plaisait pas, c’était fait à contre-cœur et on n’utilisait pas la technique derrière, une fois chez nous.

Tony : C’est terrible de tomber sur des gens qui font n’importe quoi. Cette chienne a pris des décharges électriques quand elle est arrivée sur d’autres chiens. C’est une chienne qui a été bousculée, avec une vie difficile. Elle est destinée à un maître passionné ou éducateur canin réellement passionné par les chiens.

Analyse du comportement face à un chien réel

Je veux voir son attitude face à un chien en mouvement : s’il y a une différence, si elle s’excite beaucoup plus, si elle s’agite, quelles indications elle donne.

À la sortie de ça, j’ai l’intime conviction de savoir ce qu’il va se passer. Dans une vie d’éducateur canin, ce qu’elle va faire arrive très rarement. On fait passer un chien en mouvement autour de Mali, qui est assise, elle n’envisage rien. J’ai déjà commencé à travailler avec elle et à me présenter pour avoir le droit de prendre la laisse.

Et là, elle fait quelque chose d’incroyable, elle tourne le dos à l’autre chien, Marley. Elle se couche, elle se bascule sur le côté et elle fait semblant de s’endormir. Un chien qui tourne le dos à un autre chien, qui se bascule sur le côté, ça n’arrive jamais.

Je vais prendre son rythme cardiaque et la chienne est en mesure de faire croire à son adversaire qu’elle n’est pas une menace, pas inquiète et pas sur ses gardes. Elle va faire ça uniquement pour avoir espoir que le chien d’en face se rapproche un petit peu plus et pour pouvoir aller le percuter.

Une Staff très réactive dû à son passé

C’est typiquement le genre de chien qui a fait des essais seul dans la nature pour essayer de trouver à se nourrir par lui-même.

Par essai et par apprentissage, elle a compris que cette technique est celle qui fonctionne le mieux. C’est un chef de guerre :

  • elle analyse, ne fait rien au hasard,
  • Mali regarde son environnement, la meilleure option pour obtenir ce qu’elle veut, le bouffer.

C’est marquant d’arriver à ce niveau de stabilité émotionnelle. En réalité, elle te donne quand même de petits indices comme :

  • une queue qui bouge un peu,
  • un muscle qui se strie,
  • un clignement d’œil…

Avoir un rythme cardiaque stable comme ça est très rare, surtout sur un chien qui a l’intention de passer à l’action. Elle va aussi chercher au niveau du cou du chien adversaire, sans hurler, sans crier. Elle dégage, dans la mesure de ses possibilités, le moins d’information possible pour que le chien d’en face ne puisse pas se douter de ce qu’il pourrait se passer. Et ça, c’est très fort.

Antoine : Je voyais qu’il analysait le comportement du chien et qu’il n’avait pas une méthode qu’il appliquait à tous les chiens. Il savait bien lire les signaux et savait s’adapter autour de ça.

Comment faire pour qu’elle aime les autres chiens ?

Tony : Quand on arrive à cette analyse, c’est complètement utopique, à l’âge qu’elle a de penser qu’elle va aimer les autres chiens. Ce qu’on pourrait faire n’aurait que vocation à fonctionner par habituation.

Si on lui présente Marley chaque jour de sa vie pendant une semaine et qu’ils passent 5h ensemble, à un moment donné, en mettant tout en place pour lui faire comprendre que Marley ne doit pas faire partie d’un écosystème qui lui permet de se nourrir, au bout de quelques jours, la chienne serait amie avec Marley.

Avec l’habitude, ça pourrait marcher mais en balade, elle va égorger quelqu’un. Elle ne les aimera jamais.

Mais en travaillant la capacité à gérer la chienne, on peut lui indiquer que quand elle fait ce genre d’actions, ce n’est pas bon. Mais si tu ne fais pas ça, alors tu as intérêt à ne pas le faire et là, ça va mieux aller.

Autre exercice pour tenter l’apaisement de Mali, Staff réactive

Pendant l’exercice suivant, on fait passer plusieurs chiens autour d’elle, en mouvement, qu’elle n’a pas encore vu pour voir si, réellement, ça fonctionne.

On se rend compte que la chienne, qui n’est pas bête, va se retourner vers son maître, commencer à s’apaiser et va comprendre que ce qu’elle a vécu et connu, ce qu’elle pensait être une certitude, ne l’est plus. Même quand elle sera à portée, elle n’ira plus voir les autres chiens et s’en désintéressera.

L’espoir devient concret : si on voit ce genre de situations, on peut la revoir et répéter ce genre de situations. En promenade, en allant dehors, en passant des chiens… maintenant ça marche.

Bilan des exercices et de la formation de Mali, Staff réactive

On est sur un travail qui doit perdurer.

À chaque fois que tu as un nouveau chien, tu dois recommencer au début avec une fraîcheur d’esprit de toujours avoir envie :

  • d’expliquer,
  • de comprendre,
  • et de dire pourquoi c’est bien, pourquoi c’est mal, ce qu’on peut reproduire ou non.

Maintenant, son maître la comprend mieux, on lui a dit la vérité, on lui a donné des éléments techniques et comportementaux : ta chienne a vécu telle chose et c’est pour ça qu’elle agit comme ça. Ce n’est pas pour excuser un comportement mais pour le comprendre. Se dire « c’est pas de sa faute » ne rentre pas en ligne de compte.

Mon travail c’est de dire « il a fait, il ne doit plus faire ».

On va créer des environnements, changer intellectuellement l’animal et te changer en tant que maître. Une fois que ça se produit plus, viendra le temps où on pourra dire « ce n’est pas de sa faute ».

La démarche la plus importante est l’envie de comprendre son chien. Quand tu comprends ton chien, tu as fait tout le chemin.

Antoine : Je voulais avoir cette analyse. Maintenant, je suis en confiance, je vais être plus calme, elle a beaucoup appris et moi aussi, je sais comment faire maintenant et ça va marcher.

Tony : C’est quelqu’un qui aime sa chienne, sans aucun doute, mais qui est arrivé perdu. Et c’est toujours agréable de voir repartir un couple maître-chien avec le sourire.

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